Donetsk, zone de guerre. La grande ville de l’Est de l’Ukraine vit depuis plus du cinq mois maintenant entre le feu des rebelles pro-russes et de l’armée ukrainienne. Europe 1 s’est rendu dans le Donbass ukrainien et a pris le pouls d’une population exténuée.
Tapis dans les caves. Lundi, un groupe de femmes profite du soleil, devant leur abri sous-terrain de Donetsk. Soudain, une explosion vient briser le calme éphémère : "On descend ! On descend ! Plus vite !", presse l’une d’entre elles. Cela fait bientôt deux mois qu’elles se sont terrées dans les caves de leur immeuble, pour se protéger des obus qui tombent sur la ville de Donetsk quotidiennement, "toutes les demi-heures" dit l’une d’elles.
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"On pensait pouvoir ressortir aujourd’hui et remonter chez nous", désespère une habitante. "Mais les bombardements ont repris". En attendant que la fin de la guerre, ils sont une centaine à s’entasser à deux mètres sous terre, dans cette cave où les matelas tapissent le sol.
On rit, c’est nerveux. A 500 mètres de là, l’hôpital du quartier a été touché par un obus, il y a quelques heures à peine. Les infirmières profitent d’une pause pour fumer une cigarette. Elles rigolent sous les grondements des bombes et s’excusent : "C’est nerveux, sinon, on devient fou."
Leur chef, le docteur Andreï, a changé de spécialité. Il ne fait plus que de la chirurgie de guerre. Car dans cet hôpital, "on a beaucoup de gens blessés par des éclats d’obus". Rien que cette semaine, "j’ai eu dix patients" de ce genre, "des civils qui marchaient dans la rue" quand ils ont été touchés.
Sur la route de l’aéroport, un tout nouveau concessionnaire automobile, construit pour l’Euro 2012, n’est plus que ruines. Des obus de mortiers ont ravagé le bâtiment.
A Donetsk, certains bâtiments sont saccagéspar Europe1frL’Ukraine peut-elle être sauvée ? A Donetsk, les avis sont partagés. Pour le Dr. Andreï, "la vie ne peut plus continuer comme avant. Ce ne sera plus jamais la même Ukraine". Pour lui, la seule solution, "c’est qu’on se sépare pour de bon", afin de faire table rase des cinq derniers mois. Son collègue, lui, pense que le pays peut encore être sauvé. Ces débats résonnent souvent dans la salle de garde de l’hôpital de Donestk, entre deux soins apportés aux blessés de la guerre.
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