L’image est saisissante : deux enfants, dans une cage de combat, s’affrontent sous les cris d’un parterre d’adultes ravis du spectacle. C’était à Preston, dans le nord-ouest de l’Angleterre, le 10 septembre dernier. Depuis, une vidéo de l’événement circule sur internet, et la polémique, alimentée par la presse anglaise, n’a cessé d’enfler.
La polémique avait été lancée jeudi par le Daily Mirror, qui s’offusquait que des "amateurs de combats avinés paient 25 livres (28 euros) pour voir deux garçons de 8 et 9 ans se taper dessus". Sur la vidéo, environ 200 adultes regardent les deux garçons s'affronter à mains nues sur un ring entouré de filets, sans aucune protection, pendant environ dix minutes.
La vidéo, avec commentaires en direct :
"Barbare"
Prévenue, la police, après enquête et vérification de la sécurité des enfants, a conclu qu'aucun délit n'avait été commis et qu'il n'y avait donc "pas matière à des poursuites". Pour autant, il pourrait y a voir des suites. Selon le tabloïd The Sun, les services sociaux ont lancé mercredi une enquête afin de déterminer si les combattants en herbe étaient consentants pour se livrer à ce spectacle.
Car l’affaire est remontée jusqu’au gouvernement. Et le ministre du Sport Jeremy Hunt a jugé cette manifestation "barbare", s'inquiétant qu'aucune législation n'encadre ces pratiques. Quant aux autorités locales de Preston, elles ont menacé le club organisateur de la soirée de lui retirer sa licence et lui a demandé de ne plus arranger de tels combats, selon The Guardian.
Une association de protection de l'enfance, la NSPCC, a "fortement découragé les parents de laisser leurs enfants participer" à des combats en cage, très populaires au Royaume-Uni. "Il est assez inquiétant de voir que certains mettent aux prises des enfants de huit ans qui sont en pleine évolution sur les plans physique et mental", a-t-elle relevé. "Certains défendent la boxe ou la lutte en cage en disant que les enfants apprennent ainsi à maîtriser leur agressivité. Mais il y a beaucoup d'autres sports qui requièrent de la discipline sans faire courir les mêmes risques au cerveau", a renchéri l'Association médicale britannique.
"Il aime le sport, personne ne l'a forcé"
La responsable du centre communautaire s'est justifiée en assurant que les enfants "adoraient ça" et "ne couraient aucun danger". "C'était parfaitement légal", a-t-elle expliqué. "C'était juste une démonstration. Ce n'était pas un combat, que des prises. Il n'y avait pas de coups de poing, ni de coups de pied". Mais aussi quelques clés de bras et de jambes visiblement douloureuses, oublie-t-elle de préciser
Le père d'un des deux garçons a, lui aussi, rejeté les critiques. "Ce n'est pas du tout dangereux. Il ne peut pas se blesser. C'est contrôlé", a assuré Nick Hartley. "Il aime le sport, personne ne l'a forcé".
Et puis la morale a été "sauve" : à l’issue du combat, et même si l’un avait clairement dominé l’autre, les deux enfants ont été déclarés vainqueurs. Un bel exemple de sportivité.