La contestation politique s’est poursuivie dans les pays du Moyen-Orient et du monde arabe samedi. Europe1.fr fait le point sur les révoltes.
La police syrienne tire à balles réelles
En Syrie. Après deux journées de violences à Deraa, vendredi et samedi, les forces de sécurité ont ouvert le feu de nouveau dimanche à Banias, dans le nord-ouest de la Syrie. Des "tirs nourris de forces de sécurité visent depuis environ deux heures le quartier sunnite de Ras al-Nabee, où se trouve la mosquée d'Al-Rahman", centre de la contestation, selon deux témoins. Bilan : au moins trois morts et douze blessés. Un autre témoin a rapporté que sept voitures, "transportant des gens envoyés par le régime, sont arrivées devant la mosquée Abou Bakr al-Sidiq, et leurs occupants ont ouvert le feu sur la mosquée". L'homme a précisé qu'une "manifestation pacifiste", appelant à la chute du régime, avait eu lieu samedi après-midi dans cette ville et que les habitants, craignant des descentes des pro-régime, avaient formé des comités populaires et érigé des barrages pour protéger les quartiers.
Dimanche également, un officier a été tué et un autre blessé. Leur convoi est tombé dans une embuscade dans la région de Banias.
Samedi, la journée a été marquée par la riposte des forces de sécurité syriennes lors d'obsèques de manifestants pro-démocratie dans la ville de Deraa, lieu phare de la contestation dans le sud de la Syrie. La police a ouvert le feu à balles réelles et a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les milliers de personnes qui scandaient des slogans en faveur de la liberté et contre le régime de Bachar Al-Assad. Bilan : deux blessés légers, selon un militant des droits de l'Homme.
Déjà vendredi, le pays avait subi le même type d'incidents. Selon un groupe syrien de défense des droits de l'Homme, 26 manifestants ont été tués dans cette ville rurale de 85.000 habitants à 100 kilomètres au sud de Damas lorsque les forces de l'ordre ont tiré sur des milliers de manifestants et deux autres dans la province de Homs.
Nawaf Al-Bachir appelle à engager un dialogue national
Par ailleurs, le chef de la plus grande tribu du pays, Nawaf Al-Bachir, a lancé samedi une virulente attaque contre le régime de Bachar al-Assad. Il l'a appelé à engager un dialogue national sans tarder au lieu "de s'obstiner à faire couler le sang du peuple syrien".
De violents heurts au Yémen
Au Yémen. Des dizaines de milliers de Yéménites ont conspué le régime dimanche, au lendemain de combats de rue entre manifestants et policiers à Sanaa et Taëz qui ont fait un mort. Plusieurs manifestations se sont déroulées dimanche, sans incident à Sanaa, à Taëz et Ibb, plus au sud-ouest, ainsi qu'à Hodeïda, sur la mer Rouge. Et ce, alors qu'une bonne partie de la nuit de samedi à dimanche, les heurts entre opposants et forces de l'ordre se sont poursuivis.
Samedi, un manifestant a été tué, à Taëz, ville située au sud de la capitale et où quatre manifestants avaient été tués vendredi. 43 manifestants ont été blessés par balle, 29 par des coups de bâton, 580 autres ont souffert de suffocations après avoir inhalé des gaz lacrymogènes. Une vingtaine d'autres manifestants ont été arrêtés. Le bilan est tout aussi lourd à Sanaa, où 30 manifestants ont été blessés par balle, 80 par des coups de bâton et 1.200 ont été soignés pour avoir inhalé des gaz lacrymogènes, selon des sources médicales.
Par ailleurs, un colonel des services de renseignements yéménites a été assassiné par des inconnus dans la région de Loder, dans le sud du Yémen. C'est là où des combats entre l'armée et des membres présumés d'Al-Qaïda ont fait deux morts, ont indiqué dimanche des sources médicale et de sécurité.
En Egypte, première réaction de Moubarak
En Egypte. Pour la première fois depuis son renversement, l'ancien président égyptien est sorti dimanche de son silence pour rejeter en bloc les accusations de corruption portées contre lui et sa famille. "Je ferai respecter mon droit légal à défendre ma réputation ainsi que celle de ma famille", a assuré Hosni Moubarak, dans une déclaration enregistrée diffusée par la chaîne de télévision Al-Arabia. Il a promis de communiquer à la justice égyptienne la liste de tous ses avoirs détenus dans son pays et à l'étranger.
Cette prise de position intervient alors que plus de 1.000 manifestants ont bravé dimanche l'ordre de l'armée égytienne d'évacuer la place Tahrir, dans le centre du Caire. Ils réclamaient une transmission rapide du pouvoir à la société civile et une purge des dirigeants corrompus pour le troisième jour consécutif. Des fils de barbelés bloquaient les rues menant à la place symbole de la révolution qui a renversé le président Hosni Moubarak le 11 février dernier. L'armée, qui avait menacé de faire évacuer les manifestants en application du couvre-feu toujours imposé trois heures par nuit avant le lever du jour, n'a pas mis cette menace à exécution.
Tôt samedi matin, les affrontements entre affrontements et l'armée ont fait un mort et 71 blessés selon un bilan officiel. Des sources médicales avaient auparavant fait état de deux morts. Dans l'après-midi, un millier de personnes se trouvaient toujours sur la place Tahrir. Le Musée égyptien, qui jouxte la place, a été fermé pour une durée indéterminée en raison des violences. Le ministre égyptien aux Antiquités Zahi Hawass a d'ailleurs indiqué qu'un millier de pièces archéologiques mais "aucune majeure" ont été volées dans des musées ou sites antiques en Egypte depuis janvier.
En Algérie, les manifestations tentent de se poursuivre
En Algérie. Samedi, les opposants au pouvoir algérien ont débuté leur neuvième marche depuis le mois de février, à l'appel d'une faction de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie en Algérie. Mais cette manifestation a été empêchée par la police à Alger.
Quelques dizaines de manifestants, rassemblés Place du 1er mai au centre de la capitale, ont tenté de marcher vers la Place des martyrs, distante de près de trois kilomètres, mais ont été bloqués par les forces de l'ordre. Sans heurts.