Visiter le Cameroun est-il risqué ?

Le lac Monoun, dans la province de l'ouest du Cameroun, situé dans le cratere d'un ancien volcan.
Le lac Monoun, dans la province de l'ouest du Cameroun, situé dans le cratere d'un ancien volcan. © MAXPPP
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Pays peu touristique, le Cameroun n’a jamais connu d’enlèvements de touristes auparavant.

L'INFO.  Une famille française -  trois adultes et quatre enfants -  a été enlevée mardi matin dans le nord du pays. Le quai d’Orsay déconseille fortement aux Français de s’y rendre, pourtant la région nord est l’une des destinations touristiques du pays.

Faut-il craindre de s'y rendre ? Europe1.fr a posé la question à des spécialistes.

Le Cameroun, "le plus beau pays d’Afrique". Le Cameroun situé entre le Nigeria, le Tchad et la république de Centre Afrique n’est pas une destination très prisée des touristes, pourtant, "c’est sans doute le plus beau pays d’Afrique", estime Jean- François Rial, PDG de Voyageurs du Monde. "C’est un pays montagneux qui offre une diversité de paysage incroyable", poursuit-il. La majorité des touristes s’y rendent pour voir les gorilles, aujourd’hui menacés par les braconniers. "En 2009, 5.000 touristes, au total, sont venus au Cameroun", explique Raphaël Soulier, spécialiste du tourisme dans ce pays.

Les "mange-mille"  et la corruption. Si le tourisme est si peu développé au Cameroun, "c’est à cause de la corruption", avance Raphaël Soulier. L’Etat n’a pas de quoi payer régulièrement ses fonctionnaires et au nord, les populations, qui ne font pas partie de l’ethnie du président, n’ont rien. Certains ont donc mis en place des barrages routiers pour "racketter" les voitures qui passent. "On les appelle les mange-mille, parcequ’ils "mangent" les billets de 1.000 francs CFA (soit environ 2 euros)", ajoute le spécialiste, qui souligne que la corruption et le manque de logistique rendent quasiment impossible aujourd’hui le tourisme dans le pays.

Waza, le parc incontournable. Si les touristes sont, eux, nombreux à faire le voyage jusqu’au Cameroun, pas une famille d’expatriés ne manque de faire la visite du parc naturel de Waza. C’est à la sortie de ce parc que la famille de Tanguy Moulin-Fourbier a été enlevée mardi matin. "C’est un coin somptueux", estime Raphaël Soulier. "C’est le seul pays d’Afrique centrale qui a encore toute sa faune", ajoute-t-il.

Une zone a priori non dangereuse. La zone du parc de Waza n’était pas classée en zone à risques par le quai d’Orsay. L’enlèvement perpétré mardi sur une route longeant la frontière nigériane est le premier recensé jusqu’à présent dans cette région du pays. Mais à seulement quelques kilomètres, de l’autre côté de la route et de la frontière "où il n’y a pas de garde frontière" précise Jean- François Rial, la zone nigériane avait été classée "rouge" par le ministère des affaires étrangères, comme l’est toute la région du Sahel. En revanche, Raphaël Soulier dit "avoir toujours évité d’envoyer des touristes dans l’extrême nord du pays, au nord de Waza, près du Tchad".

Une zone de conflit inter-ethnique. La frontière, physiquement inexistante, entre le Nigeria et le Cameroun, là où passe la route sur laquelle la famille française a été enlevée, "a connu plusieurs enlèvements", note Raphaël Soulier, à Europe1.fr. "Mais il s’agit d’enlèvements de femmes pour des règlements de comptes entre villageois. Jamais les touristes n’ont été visés", précise-t-il.

Conseils aux voyageurs. Depuis mardi,  le nord du Cameroun est déconseillé aux voyageurs. "Les ressortissants français qui se trouveraient actuellement dans l'extrême nord du Cameroun doivent impérativement se mettre en lieu sûr et quitter la zone au plus vite", a demandé le ministère des Affaires étrangères, mercredi. Compte-tenu des enlèvements, "il est formellement déconseillé de se rendre dans la région Extrême Nord du Cameroun (des rives du Lac Tchad au Sud de Maroua) et à la frontière avec le Nigeria jusqu'à nouvel ordre", précise le ministère dans la rubrique "conseils aux voyageurs" figurant sur son site internet.