Les diplomates américains ont été à pied d’œuvre toute la journée vendredi. Leur objectif ; devancer et minimiser la portée des nouvelles révélations promises par Wikileaks pour lundi. Washington, qui a admis se préparer "au pire scénario", a entrepris de préparer des gouvernements étrangers à la publication de nouveaux documents secrets, susceptibles de créer des tensions entre les pays.
Le site, fondé par le controversé Julian Assange et spécialisé dans la révélation de documents confidentiels a promis de mettre en ligne sept fois plus de documents confidentiels que les 400.000 récemment publiés sur la guerre en Irak. Le département d'Etat américain a indiqué s'attendre à la publication de câbles diplomatiques concernant "un large éventail de dossiers et de pays".
Une aide américaine au PKK ?
Selon un haut responsable israélien cité par le quotidien Haaretz, l’Etat hébreu, dont Washington est le plus important allié, a été informé que ces fuites de câbles diplomatiques pourraient porter sur des rapports confidentiels adressés par l'ambassade américaine à des responsables israéliens. "Les Américains nous ont fait savoir qu'ils considéraient cette fuite avec la plus grande gravité", a ajouté ce responsable.
A Ankara, un diplomate turc de haut rang a indiqué que la Turquie avait également été mise au courant. Selon des informations de presse, les nouvelles révélations porteraient notamment sur une aide de la Turquie aux militants d'Al-Qaïda en Irak et un soutien des Etats-Unis aux rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), réfugiés en Irak. Le diplomate a exclu catégoriquement tout appui d'Ankara à Al-Qaïda, tout en saluant la coopération turco-américaine contre le PKK.
"Brouille entre les Etats-Unis et la Russie"
A Moscou, le quotidien Kommersant a affirmé que ces fuites comportaient des appréciations "désagréables" qui pourraient blesser Moscou. Ces révélations "peuvent provoquer une brouille entre les Etats-Unis et la Russie", tout comme avec la moitié des pays de la planète, écrit le quotidien. Mais le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a pris de haut ces informations, demandant aux journalistes qui l'interrogeaient sur ce dossier pourquoi ils s'intéressaient "à des petits voleurs qui courent sur Internet".
A Rome, le ministre des Affaires étrangères Franco Frattini a été prévenu par Washington que des documents concernaient l'Italie. Dans un communiqué, le gouvernement italien a aussi fait état de "possibles répercussions négatives pour l'Italie".
Des responsables en Grande-Bretagne, mais aussi en Norvège, au Danemark et en Finlande, ont aussi indiqué que leurs pays avaient été informés par les Etats-Unis. A Helsinki notamment, l'ambassade américaine a indiqué qu'elle pensait que cette publication allait être "la plus grave", a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Anna Wickstom-Noejgaard.