Durant toute la semaine, notre grand reporter Sébastien Krebs a voyagé à travers l'Europe, à la rencontre des citoyens de l'Union. Alors que les élections européennes ont démarré jeudi, et se tiendront dimanche en France, on a discuté avec eux des sujets qui font débat dans leur pays. Environnement, immigration, attachement à l'Europe... la campagne des européennes ne tourne en effet pas partout autour des mêmes sujets. À l'occasion de ce voyage, Europe 1 vous emmène dans ses bagages.
En Estonie, le cœur balance entre Russie et Europe
Lundi, Sébastien Krebs s'est rendu en Estonie, à Narva, tout proche de la frontière de l'Union européenne avec la Russie. Là-bas, presque tous les habitants parlent encore le russe, et beaucoup se refusent à choisir entre l'Europe et la Russie. L'Europe investit d'ailleurs dans la ville, comme pour rendre l'eau potable, ou pour rénover l'hôtel de ville. Pour garder son influence, la Russie, dont les traditions soviétiques perdurent dans les familles estoniennes, diffuse ses chaînes de télévision dans le pays, et a même créé un média spécifique à destination des pays baltes.
En Suède, le pays de la taxe carbone la plus élevée au monde
Mardi, Sébastien Krebs s'est rendu en Suède, l'un des pays modèles en terme d'environnement. Là-bas, la taxe carbone est la plus élevée au monde, à 120 euros la tonne, soit trois fois plus qu'en France. Elle a été mise en place progressivement depuis 1991, avec en contrepartie la baisse des autres impôts, sur le travail et le capital. De plus, les Suédois ne se chauffent plus au fioul, trop polluant et donc trop cher, et le prix du diesel a rattrapé celui de l'essence, à près de 1,60 euros le litre. Tous les déchets sont triés, et du biogaz est fabriqué à partir d'eau usée, afin d'être utilisé comme carburant pour les bus de la région de Stockholm.
En Hongrie, "l'Europe fait peur"
Mercredi, Sébastien Krebs s'est rendu en Hongrie, le pays de Viktor Orbán, Premier ministre depuis 2010. Sa formation politique est créditée de 55% des intentions de vote aux Européennes, et sa politique autoritaire plaît à son peuple. Les discours tournent autour du rejet de l'immigration, le "problème le plus important", selon un ministre, qui rejette la faute sur l'Union Européenne, qui "veut imposer" les migrants, selon le gouvernement hongrois. Pourtant, le pays est vieillissant, et sa population pourrait baisser de 15% d'ici 2050. Pour contrer cette tendance, Viktor Orbán a mis en place un grand plan pour booster la natalité, afin d'éviter de faire appel à des étrangers pour travailler dans les usines.
En Croatie, la récente adhésion à l'Europe ne fait pas que des heureux
Jeudi, Sébastien Krebs s'est rendu en Suède, le dernier pays à avoir rejoint l'Union européenne, en 2013. Un an auparavant, en 2012, suite à un référendum, 66% des votants avaient choisi l'adhésion. Pourtant, quelques années plus tard, les Croates ne semblent pas forcément heureux de leur intégration dans l'UE. À Zagreb, les Croates rencontrés estiment ne pas profiter des bénéfices de l'adhésion, jugeant que les "petits pays" sont les grands perdants de l'intégration européenne. Certains veulent même faire machine arrière, et sortir de l'Union. Les eurosceptiques croates, alliés au mouvement 5 étoiles italien, sont d'ailleurs en position d'entrer au Parlement européen.
En Grèce, l'austérité a laissé des traces
Vendredi, Sébastien Krebs s'est rendu en Grèce, le pays ravagé par la crise depuis une décennie. Depuis l'été dernier, le pays est sorti des plans d'aide, la croissance est repartie, et le Premier ministre Alexis Tsipras a pu augmenter les retraites ainsi que le Smic, qui ne pointe malgré tout qu'à 650 euros. Pourtant, le chômage des jeunes y est encore très élevé - près de 40% - et 18% de la population active est sans emploi, le total le plus élevé de l'Union européenne. En Grèce, les avis sont mitigés sur l'Union. Certains en veulent à l'Europe sur "la baisse des salaires", mais restent reconnaissants car "l'Europe [les] a quand même aidé". La Grèce élira ce week-end 21 eurodéputés.