Un ancien Premier ministre français socialiste qui défile... contre un gouvernement socialiste. C'est ce qu'on a pu voir, dimanche, dans les rues de Madrid. Candidat à la mairie de Barcelone, Manuel Valls est venu grossir les rangs fournis d'une manifestation contre Pedro Sanchez. Comme des dizaines de milliers de personnes, des libéraux jusqu'à l'extrême droite, l'ex-Premier ministre accuse le chef de l'exécutif espagnol d'avoir "trahi" l'Espagne en dialoguant avec les indépendantistes catalans.
Valls "sans complexe". "Sanchez, va-t-en, les indépendantistes en prison", "Stop Sanchez", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants, rassemblés sur la place Colon à l'appel du Parti Populaire (PP, de droite), de Ciudadanos (libéraux) et de Vox et divers autres formations radicales d'extrême droite. "Le temps du gouvernement Sanchez est terminé", a lancé, avant le début de la manifestation, le numéro un du PP Pablo Casado. Manuel Valls, lui, a expliqué au micro d'Europe 1 n'avoir pas hésité longtemps avant de vouloir venir, en dépit de la présence de l'extrême droite. "J'ai réfléchi, il vaut mieux. Mais j'ai tout de suite pensé que ma place était ici, sans complexe."
"Chantage des séparatistes". Ce que le candidat à la mairie de Barcelone, profondément anti-indépendantiste, reproche au gouvernement socialiste en place, c'est de "céder au chantage des séparatistes". "Le dialogue entre les institutions catalanes et espagnoles doit se faire avec des règles du jeu claires", a-t-il estimé. C'est la décision de Pedro Sanchez de nommer un médiateur pour résoudre la crise catalane qui a mis le feu aux poudres. Même si le chef du gouvernement a finalement renoncé, les électeurs de droite n'ont pas digéré ce qu'ils considèrent être du laxisme à deux jours de l'ouverture du procès des dirigeants indépendantistes.
"Écouter le cœur battant de l'Espagne". "Moi je suis candidat pour une Barcelone catalane, parce que c'est son identité, espagnole, car il en a toujours été ainsi, et profondément européenne", a poursuivi Manuel Valls. "Et pour cela, il faut être là pour défendre la Constitution, l'identité de l'Espagne et écouter aussi le cœur battant de toute l'Espagne qui ne comprend pas ce qui se passe entre le gouvernement de Madrid et les séparatistes catalans."
Nouvelles élections. "Nous sommes ici pour dire non au séparatisme et oui à l'Espagne", a indiqué Albert Rivera, le leader de Ciudadanos. Ces revendications s'accompagne de celle, récurrente, d'organiser de nouvelles élections. "On a besoin de faire sortir le président Sanchez", martèle Rogelio, l'un des manifestants, au micro d'Europe 1. "En Espagnol, on dit que c'est un squatteur." De nouvelles élections pourraient bel et bien avoir lieu si Pedro Sanchez ne parvient pas à faire adopter son budget par le Parlement. Et pour ce faire, il a absolument besoin de ces indépendantistes catalans si décriés.