Plusieurs centaines d'Algériens et de Français d'origine algérienne ont à nouveau manifesté dimanche à Paris pour la dixième semaine consécutive, contre les figures du "système" restées au pouvoir en Algérie après la démission début avril du président Abdelaziz Bouteflika.
"On va être ici et on prendra le temps qu'il faudra"
La diaspora algérienne se retrouve chaque dimanche place de la République à Paris et, parfois, dans d'autres villes françaises, en signe de solidarité avec les Algériens qui, sur l'autre rive de la Méditerranée, manifestent massivement depuis fin février. Le temps froid et pluvieux de ce dimanche n'a pas découragé Yazid Hamitouche - qui s'est déjà rendu trois fois à Alger pour y participer aux rassemblements - de manifester dans la capitale française. "Ici, ce sont les Algériens de France qui viennent tous les dimanches pour s'exprimer contre cette mafia qui occupe le pays, donc on demande, le peuple demande à cette mafia de partir", a-t-il dit.
"C'est une révolution enclenchée ; elle ne s'arrête pas, que ce soit en Algérie ou par les Algériens qui sont à l'étranger", a-t-il martelé au milieu du rassemblement au cours duquel les parapluies côtoyaient les drapeaux algériens. Pour sa part, Hafida estime que "ces gens-là (les figures du régime, NDLR) ne vont pas lâcher prise aussi facilement que ça…" "Mais on est là (…) et on est courageux ; on va être ici et on prendra le temps qu'il faudra", a déclaré cette manifestante.
Algérie : un collectif civil appelle à "sortir du cadre de la Constitution"
Un collectif issu de la société civile algérienne a appelé dimanche à "sortir du cadre de la Constitution", estimant que le processus d'intérim mis en place depuis la démission du président Abdelaziz Bouteflika était "mort-né".
Après avoir obtenu le 2 avril la démission du chef de l'Etat, les manifestants continuent de manifester chaque vendredi pour marquer leur défiance envers Abdelkader Bensalah, apparatchik de 77 ans devenu président par intérim dans le cadre d'un processus constitutionnel.
Rassemblées depuis mars au sein du "Collectif de la société civile algérienne pour une transition démocratique et pacifique", 28 ONG et associations ont tenu leur première réunion nationale samedi. "L'intérim constitutionnel instauré le 2 avril sous l'impulsion de l'état-major de l'armée est un processus mort-né", ont-elles estimé dans une déclaration reçue dimanche par l'AFP et signée par les 28 membres du collectif. En conséquence, "la sortie du cadre prétendu de la Constitution s'impose naturellement pour aller à la rencontre des nouveaux acteurs de la scène publique", ont-elles affirmé. Elles ont aussi appelé à un "dialogue" entre "le pouvoir politique et l'ensemble des acteurs" de la société civile afin de trouver une "feuille de route finale de la transition".