En Israël, l'Etat est sous le feu des critiques depuis quelques jours après les révélation d'un consortium de 17 médias sur le logiciel d'espionnage Pegasus accusé d'avoir été utilisé à "mauvais escient" par certains Etats pour espionner des personnalités. Et depuis le début de la semaine, le gouvernement israélien faisait profil bas. Le silence était embarrassé. Et pour cause : en Israël, c'est le ministère de la Défense qui autorise les licences d'exportation de ce logiciel de cyberespionnage à l'étranger.
"Nous évaluerons si nous devons apporter des corrections"
Finalement, face à la pression, le Parlement israélien a annoncé jeudi la création d'une commission d'enquête qui sera chargée de vérifier les accusations portées contre la société israélienne de cybersécurité NSO qui est à l'origine de Pegasus. "A l'issue de l’enquête (...) nous évaluerons si nous devons apporter des corrections", a expliqué à la radio militaire Ram Ben-Barak, un député centriste et ancien directeur adjoint du Mossad, les services de renseignements extérieurs israéliens.
Pour le PDG de NSO, Shalev Hulio, l'enquête parlementaire est une bonne nouvelle. Le dirigeant d'entreprise a réagi à cette actualité au micro de la radio militaire israélienne, dénonçant un complot. "C'est la meilleure chose à faire", a-t-il déclaré à propos de la démarche engagée par le gouvernement. "Je pense qu'il y a eu une campagne, organisée et parfaitement orchestrée. Quand vous avez soudain 180 journalistes du monde entier qui se rassemblent, bien sûr qu'il y a des gens qui se cachent derrière tout ça", a-t-il affirmé.
Pegasus vendu à plus d'une quarantaine de pays
En tout cas, le scandale pourrait amener le gouvernement israélien à revoir sa politique concernant les exportations dans le domaine de la cybersécurité. L'an dernier, les investissements dans les start-up israélienne du secteur représentaient presque deux milliards et demi d'euros. Et l'Etat hébreu veut tout faire pour ne pas perdre ce juteux marché.
Les organisations Forbidden Stories et Amnesty International ont obtenu une liste de 50.000 numéros de téléphone, sélectionnés par les clients de NSO depuis 2016 pour être potentiellement surveillés, et l'ont partagée avec des médias qui ont révélé son existence dimanche. Pegasus aurait permis d'espionner les numéros d'au moins 180 journalistes, 85 militants des droits humains ou encore de 14 chefs d’Etats dont le président français Emmanuel Macron - ce que NSO réfute. Le groupe affirme avoir vendu Pegasus à plus d'une quarantaine de pays, chaque fois avec l'accord des autorités israéliennes.