Le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, a refusé mercredi d'adresser ses félicitations au président russe Vladimir Poutine pour sa réélection à cause de l'empoisonnement d'un ancien agent russe en Grande-Bretagne.
"Après l'attaque de Salisbury, je ne suis pas d'humeur à féliciter Poutine pour sa réélection", a déclaré Donald Tusk au cours d'une conférence de presse à Bruxelles. La veille, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker avait, lui, envoyé une lettre de félicitations au dirigeant russe.
La lettre de félicitations de Juncker "est honteuse". L'initiative du président Juncker lui a valu de vives critiques britanniques, car il n'a fait aucune mention des tensions provoquées par l'empoisonnement d'un ex-espion russe en Grande-Bretagne. "Cette lettre de Jean-Claude Juncker est honteuse", a aussitôt protesté dans un communiqué l'eurodéputé britannique Ashley Fox, chef du groupe des conservateurs britanniques au Parlement européen.
"Féliciter Vladimir Poutine pour sa victoire électorale sans faire référence au truquage clair des bulletins de vote qui a eu lieu est déjà assez mauvais. Mais le fait qu'il n'ait pas mentionné la responsabilité de la Russie dans l'attaque avec un agent neurotoxique militaire contre des innocents dans ma circonscription est écœurant", a dénoncé Ashley Fox, élu député européen pour la circonscription d'Angleterre du Sud-Ouest, où est située la petite ville de Salisbury, lieu de l'empoisonnement le 4 mars de l'ex-agent russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, hospitalisés depuis dans un état grave.
"Pas le moment". L'ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt, président de l'Alliance des Libéraux et des Démocrates pour l'Europe (ALDE) au Parlement européen, s'est également montré très sévère. "Ce n'est pas le moment de féliciter", a-t-il affirmé sur son compte Twitter. "Nous aurons toujours besoin d'un dialogue avec la Russie, mais des liens plus étroits doivent être conditionnés par le respect de l'ordre international fondé sur des règles et des valeurs fondamentales", a soutenu Guy Verhofstadt.
This is no time for congratulations. We will always need dialogue with Russia, but closer ties must be conditional on respect for the rules based international order & fundamental values https://t.co/iVfhLB6TrL
— Guy Verhofstadt (@guyverhofstadt) 20 mars 2018
Les États européens divisés. L'affaire de Salisbury sera l'un des principaux sujets discutés par les chefs d'État et de gouvernement lors de la première journée de leur sommet jeudi à Bruxelles. Mais la réaction face à Moscou divise les États-membres. La plupart sont convaincus de la responsabilité de Moscou dans cet attentat, mais plusieurs refusent d'envenimer les relations entre l'UE et la Russie en incriminant le Kremlin.