Depuis lundi après-midi, un Afghan, soupçonné d'être proche des Talibans, est en garde à vue. Surveillé par les autorités françaises depuis son arrivée sur le territoire, il avait violé son assignation à résidence. Mais si la France avait pu suivre sa trace depuis l'Afghanistan, c'est grâce au témoignage d'un homme. Mustafa Mohammad était dans le même convoi de réfugiés afghans qui a fait escale aux Emirats Arabes Unis avant de rejoindre l'Hexagone. Et il a immédiatement reconnu l'homme qu'il s'est décidé à dénoncer.
Un homme "très discret"
"Je l'ai vu quand j'ai trouvé refuge à l'ambassade de France, puisqu'il venait pour négocier", explique Mustafa Mohammad, présent au côté des membres du Raid pour "organiser la vie à l'intérieur". Il confirme que l'Afghan d'une trentaine d'années aidait les diplomates français à évacuer l'Ambassade, vérifiant à l'entrée les identités de chacun et laissant entrer ceux dont le nom figurait sur une liste.
"Après, lors de notre exfiltration vers l'aéroport, il est monté dans un des véhicules. C'est comme ça qu'il s'est invité au voyage", raconte Mustafa Mohammad. Une arrivée qui s'est faite sur la route, lors d'un contrôle par les Talibans. "On a été arrêté une fois assez longtemps, on pensait qu'ils essayaient de nous empêcher de partir de l'aéroport. Mais en réalité, ils négociaient pour pouvoir envoyer leur membres aussi".
L'Afghan aujourd'hui en garde à vue a alors "rendu son arme à ses amis et il est monté comme si de rien n'était". Mustafa Mohammad décrit alors un homme "très discret", avec "un petit foulard, comme la plupart des hommes" là-bas. Une tenue qu'il choisit de quitter lors de l'escale à Abou Dhabi. "Il s'est rafraichi comme tous le monde et il en a profité pour se changer. Il était toujours discret, assis dans un coin à attendre le prochain vol".
"Ils m'ont demandé de l'identifier"
C'est alors que Mustafa Mohammad se décide à agir. "J'étais sûr et certain que, pour moi, il n'était pas normal qu'il fasse partie du voyage", explique-t-il. "Ils combattent toutes les valeurs universelles, démocratiques. Ils s'opposent à tout ça, et en même temps, ils veulent en profiter et venir en France".
Mustafa Mohammad a donc décidé d'avertir les autorités avant l'embarquement pour la France, au moment de l'enregistrement pour le vol à destination de Paris. "J'en ai parlé aux policiers qui m'ont présenté aux membres du renseignement intérieur. Ensuite, on s'est installé dans un bureau et ils m'ont questionné pendant de longues minutes." L'homme les a alors "rassurés" en racontant ce qu'il avait vu à l'ambassade. "Ils m'ont demandé de l'identifier. Je l'ai repéré, je l'ai identifié. Ensuite, ma mission était terminée."