Afghanistan : l'ONU «préoccupée» par une nouvelle loi sur «la morale» qui durcit encore les restrictions imposées aux femmes

L'ONU «préoccupée» par une nouvelle loi sur «la morale» qui durcit encore les restrictions imposées aux femmes
L'ONU «préoccupée» par une nouvelle loi sur «la morale» qui durcit encore les restrictions imposées aux femmes © Wakil KOHSAR / AFP
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avec AFP
La mission de l'ONU en Afghanistan s'est déclarée dimanche "préoccupée" par une loi récemment ratifiée par les autorités talibanes. Cette dernière impose de nouvelles restrictions particulièrement strictes aux femmes.

La mission de l'ONU en Afghanistan s'est déclarée dimanche "préoccupée" par une loi récemment ratifiée par les autorités talibanes, qui impose notamment de nouvelles restrictions aux femmes. Cette nouvelle législation de 35 articles, annoncée mercredi, contrôle potentiellement tous les aspects de la vie des Afghans, sociale et privée, dans une interprétation ultra-rigoriste de la charia (loi islamique). La loi prévoit des sanctions graduées en cas de non-respect - allant des avertissements verbaux aux menaces, amendes et détentions à la durée variable - imposées par la police des mœurs relevant du ministère de la Propagation de la vertu et de la prévention du vice (PVPV).

Des interdictions encore plus strictes

Elle stipule notamment que les femmes doivent se couvrir le visage et le corps si elles quittent la maison, et veiller à ce que leur voix ne soit pas entendue. "Après des décennies de guerre et au milieu d'une terrible crise humanitaire, le peuple afghan mérite bien mieux que d'être menacé ou emprisonné s'il arrive en retard à la prière, jette un coup d'œil sur une personne du sexe opposé qui n'est pas un membre de sa famille, ou possède une photo d'un être cher", a déclaré dimanche Roza Otunbayeva, cheffe de la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).

"Il s'agit d'une vision inquiétante de l'avenir de l'Afghanistan, où les inspecteurs des mœurs ont des pouvoirs discrétionnaires pour menacer et arrêter quiconque sur la base de listes d'infractions larges et parfois vagues", a-t-elle estimé. De nombreux éléments de la loi sont déjà en vigueur de manière informelle depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021 et les femmes subissent déjà le plus gros des restrictions qualifiées par l'ONU d'"apartheid de genre", qui les ont éloignées de la vie publique.

Des restrictions déjà intolérables 

Pour Otunbayeva, la "loi étend les restrictions déjà intolérables aux droits des femmes et des filles afghanes, le seul son d'une voix féminine à l'extérieur du foyer étant apparemment considéré comme une violation morale". L'ONU s'est également déclarée préoccupée par les restrictions imposées aux libertés religieuses et à la liberté de la presse dans la loi, qui stipule que les médias ne doivent pas publier "de contenus hostiles à la charia et à la religion" ou "qui montrent des êtres vivants".

Cependant, l'ONU juge positifs les articles interdisant les mauvais traitements envers les orphelins et le "bacha bazi", ou "jeu de garçon", dans lequel des hommes plus âgés forcent les garçons à se déguiser en filles et les exploitent sexuellement.