Fragile espoir de paix pour les habitants d'Alep. Jeudi matin, une nouvelle trêve est entrée en vigueur et un nouvel accord a été trouvé pour permettre l'évacuation des rebelles, une opération qui pourrait sceller la victoire du régime syrien un mois après le lancement de son opération pour reconquérir la totalité de la deuxième ville de Syrie.
Les informations à retenir
- Grâce à la trêve, un convoi d'un millier de personnes a pu être évacué dans la journée de jeudi
- Un deuxième convoi a quitté la ville, jeudi soir
- Environ 50.000 personnes, en majorité des civils, restent piégées à Alep-Est
Une nouvelle trêve. Jeudi matin, un organe de communication militaire du Hezbollah libanais a annoncé qu'une trêve était entrée en vigueur jeudi à Alep-est. Selon un responsable du Front Chamiya, groupe rebelle présent à Alep-Est, la trêve a démarré à 1h30 du matin. Selon des médecins sur place joints par Europe 1, il n'y a pas eu de bombardement sur Alep depuis minuit.
Un corridor spécial mis en place. L'évacuation des rebelles doit mobiliser vingt bus et dix ambulances, qui emprunteront un corridor spécial en direction de la ville d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, a indiqué l'armée russe. Le Comité international de la Croix-Rouge a fait savoir qu'il avait été contacté pour faciliter cette évacuation. "Le premier contingent concerne les blessés et les civils", a souligné un responsable rebelle du puissant groupe islamiste Ahrar al-Cham, chargé des négociations, précisant que les rebelles "viendront après "le premier ou le deuxième contingent".
Des incidents dans la matinée. Un convoi composé notamment d'ambulances, qui quittait Alep-Est, a essuyé des tirs provenant de positions tenues par des combattants pro-gouvernementaux, a rapporté la protection civile. Les tirs ont fait au moins un mort. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, un homme s'identifiant comme membre de la protection civile dit que des tireurs embusqués ont ouvert le feu sur des gens qui cherchaient à arranger le passage d'ambulances à un point de contrôle. "Les ambulances arrivaient à ce carrefour qu'on nous avait indiqué pour l'évacuation et les forces du régime ont commencé à nous tirer dessus", dit-il.
L'évacuation lancée en début d'après-midi. Après ces incidents, les premiers bus et ambulances transportant des blessés et des civils ont pu quitter les quartiers rebelles, jeudi en début d'après-midi. Une trentaine de véhicules sont partis du quartier d'Al-Amiriyah pour se rendre dans celui de Ramoussa, aux mains du régime, en vue de se rendre vers l'Ouest de la province d'Alep, aux mains des insurgés. Ouvert par des véhicules du Comité international de la Croix-rouge (CICR) et du Croissant rouge syrien, suivis de 13 ambulances et 20 autobus verts, le convoi avançait très lentement.
Un millier d'évacués. Selon une source militaire, "951 personnes, dont plus de 200 rebelles, ainsi que 108 blessés parmi lesquels des insurgés" avaient été évacuées des quartiers rebelles d'Alep à la mi-journée. Des médecins ont indiqué que les premiers évacués étaient bien arrivés en territoire rebelle. "Une fois que le convoi arrivera à bon port, il retournera prendre d'autres personnes pour une seconde navette et ainsi de suite. Nous allons continuer tant que les conditions le permettent", avait indiqué Ingy Sedky, la porte-parole du CICR en Syrie. Le président Syrien, Bachar el-Assad, a félicité les Syriens pour la "libération" d'Alep.
Un nouveau convoi en fin de journée. Jeudi soir, un deuxième convoi a quitté le réduit rebelle d'Alep. A bord de quinze bus, des hommes armés et leurs familles ont pris le chemin des évacués du matin. Le nombre exact de personnes à évacuer reste imprécis. La télévision avait annoncé 4.000 rebelles et leurs familles, sans préciser si les familles s'ajoutaient aux combattants ou si ce chiffre représentait un total.
Encore 50.000 personnes piégées. Environ 50.000 personnes, en grande majorité des civils, sont encore piégées à Alep-Est, ont estimé jeudi soir l'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura et le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault. "Il y a 50.000 personnes, dont 40.000 civils qui ont eu le malheur d'habiter dans cette partie de la ville. Les autres sont des combattants, entre 1.500 et 5.000, et leurs familles", a déclaré Staffan de Mistura. La Turquie a de son côté chiffré entre 80.000 et 100.000 le nombre de civils qui pourraient être évacués de la ville syrienne.
Une première trêve bafouée. L'accord conclu mardi, sous la houlette de Moscou et d'Ankara, devait permettre l'évacuation des insurgés et des milliers de civils affamés et désespérés de pouvoir sortir de la poignée de quartiers encore aux mains des rebelles. Mais les violences ont repris de plus belle mercredi matin après une pause de plusieurs heures, poussant des habitants terrifiés à fuir à la recherche d'un abri. L'allié russe du président Bachar al-Assad a accusé les rebelles d'avoir déclenché à nouveau les hostilités, tandis que le parrain de l'opposition, la Turquie, blâmait les troupes du régime et leurs alliés.