Alexis Tsipras a annoncé jeudi sa démission et celle de son gouvernement lors d'une courte allocution télévisée. Le Premier ministre grec appelle à la tenue d'élections anticipées. Selon son entourage, la date du 20 septembre est avancée.
"Soumettre au peuple grec tout ce que j'ai fait". "Dans peu de temps, je vais me rendre chez le président de la République et présenter ma démission et la démission de mon gouvernement", a indiqué Alexis Tsipras, ajoutant qu'il voulait "soumettre au peuple grec tout ce qu'(il a) fait, afin qu'il décide de nouveau". "Je ne veux pas renoncer à nos idées, je continuerai à combattre pour que notre pays se relève", a-t-il martelé.
"Je n'ai pas eu l'accord que j'espérais". Le chef du gouvernement avait débuté son discours en expliquant que la Grèce se trouvait "dans une situation sans précédent". "Le mandat que j'ai reçu le 25 janvier a atteint ses limites", a-t-il poursuivi en expliquant que l'accord obtenu avec les créanciers d'Athènes en juillet dernier n'était pas celui qu'il espérait. "Mais cet accord est le meilleur que l'on aurait pu signer", a-t-il répété à plusieurs reprises. Il a néanmoins nuancé en ajoutant : "nous devons respecter cet accord mais nous devons combattre pour diminuer les aspects négatifs de cet accord".
Syriza, un parti en crise. Cette démission intervient alors que le parti de gauche d'Alexis Tsipras, Syriza, traverse une grave crise. Une quarantaine de députés n'ont, en effet, pas voté en faveur de l'accord européen qui octroie un prêt de 86 milliards d'euros sur trois ans à Athènes. En conséquence : la majorité parlementaire a été réduite à 119 députés sur les 300 que compte l'Assemblée.
Rénover sa base. Avec ces élections, Alexis Tsipras espère bien rénover sa base. Il dispose pour cela d'un atout-maître : pour cette deuxième élection en moins de 18 mois, la loi grecque dispose que les partis ne soumettent pas au vote des députés individuels, mais des listes par partis composés par les états-majors de ces derniers. C'est ainsi qu'Alexis Tsipras pourra se débarrasser des plus virulents à sa gauche. Deux noms reviennent : l'ancien ministre de l'Energie Panagiotis Lafazanis, leader des contestataires, et la puissante et pointilleuse présidente du Parlement Zoé Konstantopoulou.
Les réactions en Europe. Dès avant l'annonce officielle, le responsable du cabinet du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, Martin Selmayr, avait écrit sur Twitter : "des élections anticipées en Grèce peuvent être le moyen d'élargir le soutien" au plan d'aide. Marcel Fratzscher, économiste allemand, a considéré également que ces élections sont "une bonne nouvelle économique". Selon lui "il y a de bonnes chances qu'elles amènent au pouvoir un gouvernement plus compétent et davantage pro-européen". Il a mis en garde toutefois contre les dangers "du vide politique à court terme".
L'agence de notation Moody's craignait de son côté pour "la bonne mise en place du programme", voyant "un risque sur les prochains versements d'argent".
23 milliards d'euros déjà perçus. La Grèce a déjà reçu 23 milliards d'euros dans le cadre du 3e plan d'aide : dix ont été consignés sur un compte en vue d'une future recapitalisation des banques grecques. 13 autres ont été presque immédiatement absorbés par un remboursement de 3,4 milliards d'euros qui était dû impérativement à la BCE jeudi, et à celui d'un prêt-relais de 7,16 milliards obtenus en juillet.