La contestation se poursuit en Algérie. Les Algériens ont à nouveau défilé massivement dans les rues du centre de la capitale, quadrillé par la police, pour un 26ème vendredi consécutif d'un mouvement de protestation qui s'apprête à clore son sixième mois sans avancée vers une solution à la crise.
Malgré la forte chaleur estivale, la mobilisation, difficile à estimer précisément en l'absence de comptage officiel, semblait aussi importante que ces dernières semaines. Amoindrie par les vacances scolaires par rapport aux premières semaines du "Hirak" (le mouvement de contestation né le 22 février), la mobilisation reste forte à Alger, où comme chaque vendredi, hommes, femmes et enfants de tous âges sont au rendez-vous.
"C'est ou nous ou ce pouvoir, on ne va pas s'arrêter"
"C'est ou nous ou ce pouvoir, on ne va pas s'arrêter", scandaient les manifestants qui continuent de réclamer le départ du pouvoir de tous ceux ayant accompagné, durant ses vingt ans de présidence, Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission le 2 avril, sous les pressions conjuguées de la rue puis de l'armée.
Le général Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée devenu le véritable homme fort du pays depuis la démission d'Abdelaziz Bouteflika, reste une cible principale des protestataires.
Aucune solution à la crise politique
Alors que le mouvement de contestation, qui s'apprête à fêter son sixième mois le 22 août, ne semble pas s'essouffler, aucune solution à la crise politique dans laquelle est plongée l'Algérie ne se profile.
Le "Hirak" continue de refuser la présidentielle que le pouvoir souhaite coûte que coûte organiser le plus rapidement possible pour élire le successeur d'Abdelaziz Bouteflika. Une élection convoquée le 4 juillet a dû être annulée, aucun candidat sérieux ne s'étant présenté. Le "dialogue" proposé par le pouvoir à la classe politique et à la société civile pour définir les modalités de cette élection, censé en garantir l'équité, est également rejeté par les manifestants, et "l'Instance de dialogue" mise sur pied pour parler avec les divers acteurs, peine à asseoir sa légitimité à leurs yeux.
Nommé à la tête de cette instance, Karim Younès, ex-président de la Chambre basse et ancien ministre de Bouteflika, est une fois encore conspué vendredi par les manifestants aux cris de "Karim Younès à la poubelle !".
De leur côté, plusieurs partis politiques et organisations de la société civile ont été contraints de reporter une réunion prévue samedi, faute d'avoir obtenu, comme le veut la loi, une autorisation préalable des autorités. "Au moment où le pouvoir fait la promotion de son offre de dialogue, la réalité est tout autre", s'insurgent les organisateurs dans un communiqué, dénonçant "le verrouillage du débat public, des médias, du dialogue dans la société".