A deux jours des élections législatives anticipées, des journalistes ont été arrêtés en Algérie. Parmi les personnes interpellées, Khaled Drareni, journaliste indépendant qui travaille notamment pour TV5 Monde. Injoignable depuis plusieurs heures jeudi, il aurait été arrêté selon Reporters sans frontières, pour lequel il est correspondant en Algérie. Le journaliste était en liberté provisoire, en attente d’un nouveau procès, après avoir passé plusieurs mois en prison et après avoir été condamné à 2 ans de prison ferme à l'automne dernier.
L'opposant Karim Tabbou, figure du Hirak et le directeur d'une station de radio proche de ce mouvement prodémocratie et Ihsane El Kadi, journaliste et directeur de la station Radio M et du site d'information Maghreb Emergent, figurent aussi parmi les interpellations.
48 heures des élections
Ces arrestations ont lieu à 48 heures des législatives anticipées censées apporter une nouvelle légitimité au régime mais rejetées par le mouvement contestataire Hirak et une partie de l'opposition, sur fond de répression généralisée. Elles surviennent alors qu'un groupe de journalistes français se trouve à Alger depuis mercredi pour couvrir le scrutin de samedi. Khaled Drareni avait été interviewé jeudi par un média français.
De son côté, le procureur du tribunal de Sidi M'Hamed à Alger a annoncé, lors d'une conférence de presse jeudi, l'arrestation de dix personnes membres d'une "cellule qui incitait aux rassemblements et à l'atteinte à la sécurité nationale". Douze autres personnes sont en fuite, dont une partie à l'étranger, selon le procureur, qui a mentionné la France et les Etats-Unis. Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association de soutien, a fait état d'autres arrestations à Alger et Oran (nord-ouest).
A l'approche de l'échéance électorale, le régime -façade civile de l'armée- a multiplié les interpellations et les poursuites judiciaires visant opposants politiques, militants hirakistes, avocats et journalistes indépendants. Au moins 222 personnes sont actuellement incarcérées pour des faits en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles, selon le CNLD.