La gendarmerie algérienne a arrêté lundi l'homme d'affaires Issad Rebrab, considéré comme la première fortune d'Algérie, pour "fausse déclaration concernant le mouvement de capitaux", a annoncé la télévision d'Etat. Issad Rebrab est le PDG du premier groupe privé d'Algérie, Cevital, un conglomérat actif dans l'électronique, la sidérurgie, l'électroménager et le BTP qui emploie 12.000 personnes et a racheté des entreprises en France (groupe électroménager Fagor Brandt entre autres). Selon la télévision d'Etat, Isaad Rebrab "sera déféré devant le procureur du tribunal de Sidi Mhamed à Alger immédiatement après la fin de son audition par le juge d'instruction".
"Je me suis présenté de nouveau ce matin à la brigade de gendarmerie de Bab Jdid (à Alger). Nous poursuivrons l'étude de l'affaire de nos équipements retenus au port d'Alger depuis juin 2018", avait tweeté de son côté Issad Rebrab plus tôt dans la matinée.
Dans le cadre des blocages de notre projet #Evcon, Je me suis présenté de nouveau ce matin à la brigade de gendarmerie de Bab Jdid. Nous poursuivrons l'étude de l'affaire de nos équipements retenus au port d'Alger depuis juin 2018. #Algérie#Cevital
— Issad Rebrab (@IssadRebrab) 22 avril 2019
Quatre hommes d'affaires arrêtés dimanche
L'arrestation du PDG de Cevital intervient quelques heures après celle, dimanche, de quatre frères, tous hommes d'affaires et membres de la famille Kouninef, à la tête d'un empire allant de l'agroalimentaire au génie civil pétrolier. Ils doivent être entendus dans le cadre d'une information judiciaire entre autres pour "non-respect des engagements contenus dans des contrats conclus avec l'Etat, trafic d'influence pour obtenir d'indus avantages" avant d'être présentés au parquet, selon cette source.
L'ex-Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia et l'actuel ministre des Finances Mohamed Loukal se sont vus remettre une convocation lundi pour être entendus par le parquet d'Alger dans le cadre d'une enquête pour "dilapidation de deniers publics", a par ailleurs révélé la télévision d'Etat.
Une contestation de tout le régime
L'Algérie est le théâtre depuis le 22 février de manifestations massives déclenchées par la candidature à un nouveau mandat d'Abdelaziz Bouteflika qui se sont transformées en contestation de tout le régime. Le chef d'état-major de l'armée, le général Gaïd Salah, avait appelé le 16 avril la justice à "accélérer la cadence" dans les enquêtes ouvertes pour corruption contre des hommes d'affaires liés à l'ancien clan présidentiel.
Début avril, l'ex-patron des patrons algériens, Ali Haddad, riche homme d'affaires, également proche d'Abdelaziz Bouteflika, avait été écroué après avoir été arrêté alors qu'il se rendait en Tunisie. Au lendemain de son arrestation, la justice avait annoncé l'ouverture d'enquêtes sur des faits de corruption et de transferts illicites de capitaux. Elle avait également interdit à un certain nombre de personnes de quitter l'Algérie, sans donner de noms, mais la presse avait révélé ceux d'une dizaine d'influents hommes d'affaires, tous liés à l'entourage du chef de l'Etat.