Au moins 261 femmes ont été victimes de féminicides en Algérie depuis 2019, dont la moitié étaient des mères de famille et 16 étaient enceintes au moment de leurs assassinats, selon un rapport présenté samedi près d'Alger. Depuis "le 1er janvier 2023, 33 femmes ont été tuées, et entre 2019 et 2022, 228 femmes ont été assassinées", a indiqué Wiame Awras, membre du collectif "Féminicides Algérie", en présentant ce rapport non exhaustif, basé principalement sur des cas évoqués par la presse locale.
De 2019 à 2022, un groupe de femmes a analysé les féminicides en Algérie, recensés dans ce rapport qui conclut qu'"au moins une femme est assassinée" chaque semaine. La plupart des victimes ont été poignardées, égorgées ou tuées par arme à feu, selon l'étude qui mentionne des cas de femmes brûlées vives. "Leur point commun est d'être ciblées parce que femmes", dans un pays où règne le patriarcat et où la société reste très conservatrice, a estimé Wiame Awras dont le collectif a eu des contacts directs avec certaines familles.
Des lacunes dans le système judiciaire algérien
Les raisons invoquées par les meurtriers étaient notamment la jalousie, de "supposés crimes d'honneur" et des troubles mentaux. "Près de 80% des féminicides sont commis par un membre de la famille de la victime", a relevé Wiame Awras en précisant que dans 61% des cas, il s'agit du conjoint, dont certains sont des "policiers ou militaires qui ont assassiné leurs épouses avec leur arme de service".
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Parmi les auteurs, le rapport a également dénombré de nombreux jeunes ayant tué leurs mères. Parfois une famille entière se rend complice d'un assassinat, comme cela a été le cas pour "Nihal, 19 ans, tuée en mars 2022 par des proches qui ont invoqué un crime d'honneur, car elle était enceinte hors mariage", selon le rapport. La plupart des assassinats (71%) ont eu lieu dans un milieu fermé comme le domicile ou le travail.
Le collectif a dénoncé des lacunes dans le système judiciaire algérien, estimant qu'il ne protège pas suffisamment les femmes contre ce type de violences et sanctionne trop légèrement certains auteurs de féminicides. En quatre ans, 13 condamnations à mort ont été prononcées en Algérie, toutes commuées en réclusion à perpétuité en vertu d'un moratoire sur la peine de mort dans le pays en vigueur depuis 1993.