Angela Merkel se dirige vers un quatrième mandat de chancelière en Allemagne grâce à un accord de gouvernement conclu mercredi entre son parti conservateur et les sociaux-démocrates après plus de quatre mois d'impasse politique, ont annoncé plusieurs médias. L'information a été officialisée en fin de matinée.
Un "accord sur un contrat de coalition". La télévision publique ARD, le site Internet du magazine de référence Der Spiegel et le quotidien Bild ont tous fait état d'un "accord sur un contrat de coalition" entre les deux camps. Une confirmation officielle devrait intervenir ultérieurement. Cet accord prévoit notamment que les sociaux-démocrates obtiendront les ministères-clés des Finances et des Affaires étrangères, ainsi que celui des Affaires sociales, toujours selon ces médias.
Un accord obtenu dans la douleur. Ce compromis obtenu dans la douleur après des semaines de tractations et un dernier round de 24 heures de négociations sans interruption, reste toutefois encore suspendu à un vote des militants du parti social-démocrate (SPD) prévu dans les semaines à venir. L'issue de cette consultation reste incertaine et ses résultats ne devraient être annoncés que dans les premiers jours de mars.
Des négociations autour des dépenses militaires et de la réforme de l'assurance-maladie. Les discussions ont longtemps buté sur le niveau des dépenses militaires mais surtout sur la réforme de l'assurance-maladie en Allemagne, pour réduire les inégalités entre médecine publique et privée, et le marché du travail.
Le projet de contrat de coalition, dont l'AFP a obtenu copie, prévoit que le prochain mandat de quatre ans de la chancelière soit placé sous le signe de la relance de l'Europe, au diapason des priorités du chef de l'État français Emmanuel Macron. Il accepte prudemment l'idée française d'un budget d'investissement pour la zone euro et d'une meilleure protection des pays membres face aux crises financières.
Le mandat de Merkel réévalué dans deux ans. Pour tenter d'amadouer ses militants sceptiques du SPD, Martin Schulz a obtenu que l'accord de gouvernement inclue une clause de réévaluation au bout de deux ans, une manière de mettre Angela Merkel en sursis dès le début de son mandat. Un rejet du contrat de coalition mettrait la chancelière face à un choix difficile : former un instable gouvernement minoritaire ou accepter de nouvelles élections, deux scénarios inédits dans l'Allemagne d'après-guerre.
Un accord pour contenir l'extrême droite. Tant le SPD que les conservateurs ont tout à craindre d'un nouveau scrutin, qui au vu des sondages profiterait surtout l'extrême droite de l'AfD et compliquerait un peu plus la recherche de majorités. En septembre, l'extrême droite a provoqué un séisme politique en obtenant près de 13% des suffrages, surfant sur les inquiétudes générées par l'arrivée de plus d'un million de demandeurs d'asile depuis 2015. Dans ce domaine, le contrat de coalition prévoit de limiter leur nombre à entre 180.000 et 220.000 par an, comme le souhaitaient les conservateurs. Il restreint aussi le regroupement familial pour les réfugiés.