La chancelière Angela Merkel a "déploré" dans la nuit de dimanche à lundi l'échec des négociations pour former un nouveau gouvernement en Allemagne suite aux dernières élections législatives, qui plonge le pays dans la crise.
Toujours pas de coalition. "Je déplore que nous n'ayons pu trouver une solution commune" entre son parti conservateur CDU, son allié bavarois CSU, les Libéraux, qui ont claqué la porte des discussions, et les écologistes, a-t-elle déclaré à la presse à Berlin à l'issue d'une ultime session de tractations de douze heures à Berlin. Elle a dans le même temps promis de "tout faire pour que ce pays soit bien dirigé au cours des semaines difficiles à venir", à la tête de son gouvernement actuel de gestion des affaires courantes.
Depuis plus d'un mois, elle négociait du coup une coalition sur le papier contre nature - et encore jamais expérimentée au plan national - entre son parti conservateur (CDU-CSU), les Libéraux, et les Ecologistes. Après plus d'un mois de tractations laborieuses et un dernier week-end marathon, les Libéraux ont jeté l'éponge dimanche soir en jugeant les positions des uns et des autres trop antagonistes.
Une chancelière en difficultés. Au pouvoir depuis 2005, la chancelière a certes remporté ces législatives, mais avec le pire score depuis 1949 pour son parti conservateur, dans un contexte de percée de l'extrême droite et de mécontentement face à l'arrivée de plus d'un million de migrants. Cette situation, ajoutée au refus des sociaux-démocrates de continuer à gouverner avec elle, la prive de majorité évidente au Bundestag.
Au bout du compte, c'est principalement sur la question de l'immigration et des suites de la politique généreuse d'accueil des demandeurs d'asile de la chancelière que les tractations ont buté. Les partis n'ont pu s'entendre sur un plafonnement du nombre de demandeurs d'asile, ni sur la question de savoir si tout ou partie seulement des réfugiés devaient avoir droit au regroupement familial en Allemagne. Les questions environnementales ont constitué l'autre grand sujet de discorde entre les Verts et les autres partis.
Des négociations désormais impossibles ? La chancelière a dit vouloir consulter lundi le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, à qui la Constitution confère un rôle clé pour les choix à venir. Le texte ne fixant pas de limite pour la formation d'un gouvernement, Angela Merkel peut en théorie, après une pause, faire une nouvelle tentative de coalition avec les quatre partis. Mais compte tenu des divisions, la tâche s'annonce rude. Elle peut aussi essayer de convaincre les sociaux-démocrates de revenir sur leur refus de gouverner avec elle. Mais le SPD ne cesse de réitérer son souhait de faire une cure d'opposition.
Prochaine étape, de nouvelles élections. La chancelière a pour le reste rejeté l'idée de se faire élire pour un quatrième mandat à la tête d'un gouvernement minoritaire. L'issue la plus probable reste donc l'organisation de nouvelles élections. Et dans un pareil cas de figure, Angela Merkel aura toutes les peines à convaincre son parti de mener la bataille. L'échec gouvernemental de dimanche est aussi son échec personnel. Il intervient alors qu'elle est sortie déjà fragilisée des élections législatives.