Le parti social-démocrate allemand a remporté dimanche des élections régionales test pour le chancelier Olaf Scholz, qui obtient ainsi un répit à un moment où sa popularité ne cesse de décliner face à la crise de l'énergie. Les sociaux-démocrates sont crédités de 32,7% à 33,3% des suffrages dans cet État régional du nord du pays, le deuxième en taille en Allemagne, qu'ils dirigent depuis 2013 en coalition.
Ils devancent le parti conservateur (CDU) de l'ex-chancelière Angela Merkel, qui obtient 27,5% des suffrages, selon les chaînes ARD et ZDF. En dépit du mécontentement croissant de l'opinion au plan national, le parti d'Olaf Scholz a profité de la bonne image au plan local du ministre président de Basse-Saxe, le social-démocrate Stephan Weil. Elle lui a évité l'humiliation d'une nouvelle défaite, après deux revers électoraux cuisants déjà enregistrés face au centre-droit au printemps dernier dans deux élections régionales, en Rhénanie du Nord-Westphalie et dans le Schleswig-Holstein.
Un "référendum" sur Scholz
Cette élection était "très importante" pour Olaf Scholz, a estimé le politologue allemand Karl-Rudolf Korte sur la chaîne ZDF, car elle constituait "un référendum sur la politique du gouvernement" face à la guerre en Ukraine et la crise énergétique. Néanmoins, le SPD recule par rapport au précédent scrutin régional de 2017, où il avait enregistré 36,9%. Les conservateurs eux aussi affichent un résultat très en-deçà de leur performance de 2017 (33,6%).
C'est l'extrême droite notamment qui semble en avoir profité, en capitalisant sur la frustration et l'inquiétude suscitées par les problèmes d'approvisionnement énergétique et la flambée des prix: l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) atteint près de 12%, selon les estimations des chaînes de télévision, soit presque le double du précédent scrutin. Ses responsables plaident pour un rapprochement avec le président russe Vladimir Poutine en estimant que l'Allemagne ne peut se passer du gaz russe.
Le parti a rassemblé plusieurs milliers de partisans lors d'une manifestation contre la hausse des prix samedi à Berlin. Sa percée est d'autant plus significative que ce mouvement est d'ordinaire surtout implanté dans l'est du pays et peu populaire ailleurs.
Les écologistes allemands, membres de la coalition gouvernementale d'Olaf Scholz, progressent aussi fortement, avec au moins 14%, une hausse de plus de 5 points. En nombre de sièges au parlement local, les sociaux-démocrates et les Verts sont arithmétiquement en mesure de former une nouvelle majorité, qui remplacerait l'actuelle coalition constituée du SPD et de la CDU. Cette option, si elle se confirme dans les résultats définitifs, est l'option préférée des sociaux-démocrates.
Une inflation en hausse et une popularité en chute libre
Autres perdants du scrutin: les libéraux (droite), membres de la coalition tripartite d'Olaf Scholz. Ils sont crédités de tout juste 5% (en baisse par rapport à 2017), le seuil minimum pour entrer au parlement régional de Basse-Saxe. Les résultats de Basse-Saxe constituent un soulagement pour Olaf Scholz, après les critiques dont il a fait l'objet en Allemagne: politique de soutien jugée trop timide envers l'Ukraine, craintes grandissantes de l'opinion face à l'inflation, peur d'un conflit nucléaire en Europe.
Au plan national, le SPD a fortement reculé dans les intentions de vote, sous le seuil des 20%, distancé par les conservateurs. Et la popularité personnelle d'Olaf Scholz a fondu. La flambée des prix de l'énergie a fait grimper l'inflation à 10% en septembre, du jamais vu depuis 70 ans en Allemagne. En plus des baisses de pouvoir d'achat et d'une récession annoncée l'an prochain, la première économie européenne craint un délitement de son tissu industriel.
La hausse des prix de l'énergie constitue en Allemagne la première source de préoccupation pour près d'un sondé sur deux (49%), contre seulement 12% il y a un an, selon un récent sondage Ipsos. Olaf Scholz a tenté tout récemment d'y répondre en annonçant un plan de 200 milliards d'euros pour freiner la hausse des prix de l'énergie. Il a été bien accueilli au plan national, mais il provoque la polémique en Europe. Les partenaires de Berlin reprochent à l'Allemagne de faire cavalier seul en suivant ses seuls intérêts et en ignorant la solidarité européenne.