L'aile droite de la coalition gouvernementale en Allemagne a fixé lundi un ultimatum à Angela Merkel de deux semaines pour qu'elle restreigne l'accueil des migrants aux frontières, faute de quoi le ministre de l'Intérieur décrètera une fermeture des frontières, selon l'agence DPA. Cette décision a été prise lors d'une réunion des dirigeants du parti conservateur bavarois CSU à Munich, a indiqué l'agence de presse allemande, en citant des sources internes. Selon DPA, Angela Merkel a accepté ce délai qui correspond à la tenue d'un sommet européen les 28 et 29 juin.
La droite se déchire. En Allemagne, l'arrivée de plus d'un million de demandeurs d'asile en 2015 et 2016 a créé une onde de choc politique dans le pays qui ne faiblit pas. Elle a d'abord contribué, comme en Italie ou en Autriche, à l'essor de l'extrême droite, et en même temps provoqué des déchirements au sein du camp conservateur de la chancelière. L'aile la plus radicale sur les migrants de sa fragile coalition gouvernementale (qui va de la droite dure aux sociaux-démocrates), le parti bavarois CSU, veut imposer un tour de vis à la politique d'immigration nationale. Objectif : refouler dorénavant tous les migrants à la frontière qui ont déjà été enregistrés dans un autre pays à leur arrivée dans l'UE.
Des mesures de refoulement bientôt étudiées ? Un responsable du parti bavarois, Hans-Peter Friedrich a indiqué que des mesures de "refoulement vont être élaborées pour début juillet". Acculée, la chancelière demandait un tel délai depuis plusieurs jours tout en s'opposant à une telle approche unilatérale pour ne pas provoquer un effet domino en Europe. Pour elle, la survie de l'UE est jeu. "La manière dont agit l'Allemagne va déterminer si l'Europe va rester unie ou pas", a-t-elle mis en garde lundi, selon des participants à une réunion de son parti. Horst Seehofer avait jeté la semaine dernière un pavé dans la mare en menaçant de décréter les refoulements aux frontières contre l'avis de sa cheffe.