L'Allemagne est en "deuil" mardi matin, pour reprendre les termes de la chancelière Angela Merkel. Un camion a foncé lundi soir sur un marché de Noël dans le centre de Berlin, faisant au moins douze morts et 48 blessés hospitalisés. Pour l’heure, aucune revendication n’a été émise. Mais le procédé de l’attaque ressemble fortement à celui qui a frappé Nice cet été, et qui avait été revendiqué par le groupe Etat islamique (EI). Le président élu des États-Unis, Donald Trump, s’est même déjà empressé de condamner le "terrorisme islamique". Si la responsabilité d’un groupe terroriste islamiste se confirmait, ce serait la première attaque djihadiste d’une telle ampleur sur le sol allemand. Mais pas la première tout cour. Le pays a, en effet, été marqué ces derniers mois par une série d’attaques isolées et d’attentats déjoués.
- Les attaques revendiquées par l'EI
Le 18 juillet dernier, un jeune demandeur d'asile de 17 ans, affirmant être afghan, agresse les passagers d'un train à coups de hache et de couteau près de Wurtzbourg, en Bavière (sud). Cinq personnes sont blessées, l'auteur est tué par la police. Le lendemain, le groupe Etat islamique (EI) revendique l'attentat, une première en Allemagne.
Le 24 juillet, soit moins d’une semaine après l’attaque du train, un réfugié syrien de 27 ans, débouté de sa demande d'asile, se fait exploser dans le centre d'Ansbach, une ville de 40.000 habitants en Bavière, à proximité d'un festival de musique en plein air. Il est tué dans la déflagration, tandis que quinze personnes sont blessées. L'agence Amaq, un organe de propagande de l'EI, affirme que l'auteur de l'attentat est l'un de ses "soldats".
Le 30 octobre, l'EI revendique le meurtre d'un adolescent commis quinze jours plus tôt à Hambourg. Selon la police, la victime âgée de 16 ans avait été poignardée alors qu'elle était en compagnie d'une amie. Les autorités allemandes n'ont jamais arrêté de suspect et recherchent toujours un individu âgé de 23 à 25 ans de type "méditerranéen".
- Les tentatives et attentats non-revendiqués
En septembre 2015, un Irakien de 41 ans, en liberté conditionnelle après avoir été détenu pour appartenance à une organisation "terroriste" et un projet d'attentat contre un Premier ministre irakien en 2004, est tué par la police après avoir blessé au couteau une policière à Berlin.
En février 2016, une adolescente germano-marocaine de 16 ans blesse grièvement au couteau un policier en gare de Hanovre. Cette action a été menée "sur ordre" du groupe Etat islamique, selon la police, bien qu'elle n'ait jamais été revendiquée.
En octobre dernier, un réfugié syrien qui voulait s'en prendre à un aéroport de Berlin est arrêté avant son passage à l'acte. Il se suicide en prison. "Deux jours après avoir échappé à la police à Chemnitz (Saxe), c’est grâce à l’intervention de trois Syriens qui venaient de le reconnaître et de le neutraliser qu’il a été remis aux autorités à Leipzig (Saxe), deux jours avant de se suicider dans sa cellule", rappelle le journal Le Monde mardi matin.
Fin novembre, un agent du renseignement intérieur allemand, "islamiste présumé", est arrêté alors qu'il cherchait sur internet des complices à qui donner des informations pour organiser un attentat contre le siège de la centrale à Cologne (ouest).
Enfin, le 16 décembre dernier, les autorités ont annoncé qu'un enfant germano-irakien de 12 ans, "radicalisé" était soupçonné d'avoir voulu faire exploser fin novembre un engin comportant des clous à deux reprises, dont une fois sur un marché de Noël à Ludwigshafen (sud-ouest). Son appareil de fabrication artisanal n'a cependant pas fonctionné.
Ce n’est pas (pour l’instant) l’attentat le plus meurtrier en Allemagne. Si le bilan en restait à 12 morts, le drame de lundi soir ne serait pas l’attentat le plus meurtrier en Allemagne. Le 26 septembre 1980, en effet, un terroriste d'extrême droite allemand, Gundolf Köhler, faisait exploser une bombe près de Munich, pendant "l’Oktoberfest", une fête de la bière très célèbre. L’attentat avait fait 13 morts et 211 blessés et toute la lumière n'a pas encore été faite à son sujet. Les enquêteurs avaient conclu à un acte isolé mais des demandes de réouverture d’enquête sont régulièrement portées Outre-Rhin. Cet attentat reste, pour l’heure, l’attentat le plus meurtrier de l’Allemagne d'après-guerre.