L'Amazonie continue de souffrir au Brésil. La déforestation y a atteint son plus haut niveau depuis douze ans, selon les données officielles rendues publiques lundi. Elles ont provoqué des condamnations du gouvernement du président Jair Bolsonaro. Au total, 11.088 km2 de forêt ont été détruits en douze mois jusqu'en août dernier, selon l'Institut National de Recherches spatiales (INPE) brésilien qui analyse les images satellites. La surface déboisée est plus large que la Jamaïque, et a augmenté de 9,5% par rapport à l'an dernier, quand la déforestation avait déjà battu un record sur une dizaine d'années.
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Ces chiffres sont les plus hauts depuis 2008, quand 12.911 km2 de forêt avaient été détruits en Amazonie brésilienne. "En raison d'une telle déforestation, le Brésil est probablement le seul émetteur majeur de gaz à effet de serre qui a réussi à augmenter ses émissions pendant une année au cours de laquelle l'économie mondiale était paralysée", a estimé l'Observatoire du climat, un collectif d'ONG au Brésil.
Les forêts comme l'Amazonie jouent un rôle essentiel dans le contrôle du changement climatique en raison de leur capacité à absorber le carbone. Mais lorsque les arbres meurent ou sont brûlés, ils rejettent à nouveau le carbone dans l'environnement.
Des politiques pour l'activité minière
Le président brésilien d'extrême droite, climato-sceptique notoire, a essuyé de nombreuses critiques de la communauté internationale au sujet de sa gestion environnementale, notamment en 2019, en raison d'une forte augmentation des incendies en Amazonie lors de sa première année de mandat.
Son gouvernement appelle à légaliser l'agriculture ou les activités minières dans des zones protégées et a réduit les fonds pour les programmes de protection de l'environnement. Les écologistes affirment que ces politiques alimentent la destruction de l'Amazonie, la plus grande forêt tropicale du monde dont environ 60% se trouve au Brésil. "La vision du gouvernement de Bolsonaro pour le développement de l'Amazone est un retour à la déforestation rampante du passé. C'est une vision rétrograde qui est loin des efforts requis pour traiter la crise du climat", a affirmé Cristiane Mazzetti, porte-parole de Greenpeace, dans un communiqué.
Menaces de Joe Biden
Le vice-président Hamilton Mourao, qui a présenté les chiffres lors d'une conférence de presse, a défendu l'engagement du gouvernement à combattre la déforestation. "Le message que je transmets au nom du président Bolsonaro est que nous allons continuer à œuvrer avec la science et la technologie pour soutenir le travail des agences de protection de l'environnement", a assuré ce général à la retraite qui dirige la task force sur l'Amazonie créée par le chef de l'État.
Le président américain élu, Joe Biden, avait menacé en octobre le Brésil de "conséquences économiques significatives" si la déforestation se poursuivait en Amazonie, mais le président Bolsonaro avait averti que son pays n'avait pas l'intention de subir des pressions à ce sujet.