Avec une superficie de 5,5 millions de km2, l'Amazonie est la plus vaste forêt tropicale de la planète. Trésor de biodiversité, elle est menacée par la déforestation due principalement à l'agriculture, l'élevage et les activités minières et est actuellement la proie de feux de forêt dévastateurs.
La déforestation comme principale cause
"La déforestation explique la majorité des incendies" explique à l'AFP Paulo Moutinho, chercheur à l'Institut de recherche environnementale sur l'Amazonie (IPAM). "Historiquement, ils sont liés à l'avancée de la déforestation, conjuguée à des périodes de saison sèche intense" poursuit-il.
C'est simple : près de 20% de la forêt amazonienne a disparu en cinquante ans, selon WWF. Et le phénomène s'accélère. Au Brésil, dirigé depuis janvier par le climatosceptique Jair Bolsonaro, la déforestation a été le mois dernier quasiment quatre fois supérieure à celle de juillet 2018, selon le système DETER (détection en temps réel de la déforestation) utilisé par l'Institut national de recherche spatiale (INPE).
Par ailleurs, le président brésilien a insinué mercredi que des ONG pourraient avoir provoqué les feux qui affectent actuellement l'Amazonie afin d'"attirer l'attention" sur la suspension par Brasilia des subventions à la préservation du "poumon de la planète", au moment même où se tient à Salvador de Bahia la semaine du climat avec 3.000 délégués de 26 pays, une réunion régionale sur le changement climatique coordonnée par l'ONU.
"Poumon de la planète"
Puits de carbone, la forêt amazonienne absorbe davantage de CO2 qu'elle n'en rejette : elle emmagasine 90 à 140 milliards de tonnes de CO2, soit 14% du CO2 mondial, ce qui contribue à réguler le réchauffement climatique dans le monde, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF). Mais cette capacité d'absorption chute en raison de la déforestation. La forêt amazonienne concentre en outre un tiers des forêts primaires de la planète et, grâce au fleuve Amazone et à ses affluents, 20% de l'eau douce non gelée.
Ces feux menacent donc ce véritable trésor vert. "Il y a d'abord une perte de la biodiversité et de la fonction de la forêt, celle de fournir des nuages à l'atmosphère pour produire la pluie" affirme Paulo Moutinho. Le chercheur ajoute : "Les fumées au-dessus des villes amazoniennes ont de graves conséquences sur la santé, provoquent de sérieux problèmes respiratoires."
This is the city of São Paulo yesterday at 3pm. It’s located miles and miles away from the Amazon forest — but the smoke was so intense it traveled to the city, turning the day into night. #PrayforAmazoniapic.twitter.com/CUsvVDA1pK
— Alessandra Freitas (@aledmfreitas) August 20, 2019
Plusieurs décennies pour retrouver la même végétation
Il faudra "plusieurs décennies" pour retrouver la "même densité de végétation" s'il n'y a pas de nouveaux incendies en Amazonie, se désespère Paulo Moutinho. "Dans certaines régions, les zones dévastées sont envahies par d'autres espèces typiques de zones plus sèches, comme celles du Cerrado (la savane brésilienne)", poursuit-il.
Interrogé sur ces incendies, le ministre brésilien de l'Environnement Rocardo Salles a expliqué que "le gouvernement a mobilisé tous les effectifs des secouristes et tous les avions (...) qui sont désormais à pied d'oeuvre avec tous les gouvernements régionaux".
En Amérique du Sud, le Brésil est le pays le plus touché par les feux de forêt en 2019 (72.843), suivi par le Venezuela (26.453) et la Bolivie (16.101).