4,34 milliards d'euros. C'est le montant de l'amende record infligée par la justice européenne au géant américain Google, mercredi. "Ce que l'enquête de la Commission européenne a conclu, c'est que Google a une stratégie qui consiste à utiliser une position dominante pour enfermer les consommateurs dans leur moteur de recherche, en obligeant les producteurs de téléphone à mettre par défaut Google sur tous leurs appareils", explique jeudi matin sur Europe 1 Guillaume Roty, porte-parole de la Commission européenne à Paris.
La position dominante d'Android. Cela fait plusieurs années que le dossier antitrust Android - système d'exploitation utilisé pour 80% des appareils en Europe et dans le monde, qui est l'équivalent de l'iOS pour l'iPhone d'Apple - est dans le collimateur de la Commission européenne. "Il y a une concurrence d'Apple, mais ça ne change pas la position dominante d'Android. N'importe quelle compagnie qui produit un téléphone doit y mettre un logiciel d'exploitation. Apple ne va pas lui donner son logiciel, car elle construit en intégralité l'appareil et son système d'exploitation. Le producteur de téléphones ne peut donc qu'aller voir Android", décrit Guillaume Roty.
Empêcher la concurrence. En clair, la Commission européenne reproche au géant américain d'empêcher, par ce biais, de nouveaux systèmes d'exploitation de se créer. "Google via Android disait aux constructeurs de portable : 'si vous voulez utiliser un autre système qu'Android, vous pouvez le faire. Maire vous ne vendrez plus un seul téléphone avec la mention Google/Android'. Évidemment, pour le constructeur, cela revenait à abandonner un énorme marché pour un plus petit, encore en construction", explique porte-parole de la Commission européenne à Paris. Un autre géant américain a essayé de contrer cette stratégie et s'y est cassé les dents, illustre Guillaume Roty. "Amazon a essayé de lancer son propre système d'exploitation en utilisant une version dérivée d'Android, mais ils n'ont pas trouvé de producteurs qui acceptaient d'abandonner Google pour eux".
Dès lors, la Commission européenne s'emploie à faire respecter les règles européennes en matière de concurrence. "On ne dit pas à Google : 'votre système d'exploitation est trop bien et il faut absolument créer un nouveau concurrent'. Mais on dit : 'vous avez le droit d'avoir un produit qui marche très bien, vous avez le droit d'avoir du succès, mais vous n'avez pas le droit d'empêcher les autres d'en avoir'", affirme Guillaume Roty.
Un délai de trois mois. Le porte-parole de la Commission européenne assure avoir "toute confiance" en Google pour payer l'amende qui lui a été infligée. Le géant américain "a 90 jours pour arrêter ses pratiques anti-concurrentielles. S'il ne le fait pas, on pourra lui mettre des pénalités à chaque jour de retard", précise-t-il. De son côté, Google a déjà annoncé son intention de faire appel.