C’est en épluchant ses rapports médicaux et un email échangé avec son médecin, que les enquêteurs sont parvenus à dresser un profil psychologique un peu plus précis d’Andreas Lubitz. Le 24 mars 2015 cet homme de 28 ans, copilote pour la compagnie aérienne allemande Germanwings, a précipité son appareil contre la montagne, dans les Alpes françaises tuant, avec lui 149 passagers et membres d’équipage.
Des notes et emails. Entre 2009 et 2015, le jeune homme a écrit des notes sur son état psychologique et échangé avec son médecin par email, rapporte Le Parisien qui a eu accès aux documents d’enquête. "Je continue à passer des nuits où je ne dors pas du tout. Mon temps de sommeil maximal est de deux heures par nuit (mais actuellement cette durée est rarement atteinte)", écrit-il.
Le jeune homme souffre de problèmes de vue qu’il n’arrive à faire soigner. Il consulte plus de 30 médecins en l’espace de deux mois. En vain. Andreas Lubitz évoque un voile qui obstrue son champ de vision. Il craint de devenir aveugle, ce qui l’empêcherait de continuer à exercer son métier de pilote de ligne. "Je ressasse cette idée sans cesse et le stress augmente", confie-t-il par écrit.
"La dernière solution, c'est de sauter de la falaise". En pleine dépression, le copilote ne semble plus trouver d’issue à son état. "Le souvenir du temps passé me fait pleurer", écrit-il le 1er janvier 2009. "Je ne crois pas vraiment que je puisse retrouver cet état... Je voudrais être délivré... En entendant les mots encourageants des autres, je crois parfois que tout cela est derrière moi, que tout ça est enfin balayé... La dernière solution qui me rend parfois heureux, c'est de sauter de la falaise".
Plus tard, après avoir suivi une psychothérapie, Andreas Lubitz explique aller beaucoup mieux : "Je tiens à remercier très sincèrement ma famille, et tout particulièrement ma mère qui m'a préservé du pire. (...) Je remercie aussi tendrement mon adorable petite amie Kathrin qui a passé énormément de temps avec moi, et qui n'a jamais perdu espoir en moi".
Une psychose menaçante. Cinq ans plus tard, en 2014, dans un échange avec son psychiatre, le copilote confie se sentir "mal à l'aise et incompris", poursuit Le Parisien. Andreas Lubitz reste obsédé par ses problèmes oculaires. Les médecins diagnostiquent alors une "psychose menaçante". Deux d’entre eux lui prescrivent un arrêt de travail. Mais le copilote n’enverra jamais les feuilles à son employeur.
Le 20 mars 2015, Andreas Lubitz assure à son médecin qu’il dort mieux et explique avoir de bons rapports avec ses parents, ses amis et sa femme. Pourtant, quatre jours plus tard, il décide de précipiter l’Airbus A320 de la compagnie Germanwings contre le flan d‘une montagne.