La Commission européenne n'a pas cédé à un "parti pris" anti-américain en imposant une pénalité de 13 milliards d'euros à Apple, a affirmé lundi la commissaire à la Concurrence Margrethe Vestager.
L'UE récuse les accusation d'être anti-américaine. "Si vous regardez nos pratiques, vous ne pourrez pas trouver de parti pris anti-américain", a affirmé Margrethe Vestager à Washington où elle a notamment rencontré le secrétaire américain au Trésor Jack Lew. Prise fin août, la décision européenne de contraindre Apple à rembourser 13 milliards à l'Irlande pour des aides publiques illégales a provoqué une tempête politique aux États-Unis, où les autorités accusent l'Union européenne de cibler en priorité les multinationales américaines.
La commissaire européenne a reconnu la nécessité d'un "dialogue" avec Washington pour expliquer sa décision mais a assuré qu'aucun chiffre ne permettait de soutenir la thèse "d'un quelconque biais" anti-américain. Sur quelque 150 décisions rendues par la Commission depuis 2000 pour des aides illégales d'Etat, seules "2%" concernent des entreprises américaines, a affirmé la commissaire européenne lors d'une conférence de presse.
"Nous n'avons pas de parti pris fondé sur la nationalité". L'ouverture lundi d'une enquête européenne visant le groupe français Engie (ex-GDF Suez) pour des aides fiscales reçues du Luxembourg fournit, selon elle, une nouvelle démonstration de la neutralité de la Commission. "C'est une nouvelle illustration du fait que nous n'avons pas de parti pris fondé sur la nationalité" des entreprises, a déclaré Margrethe Vestager qui a fièrement exhibé son iPhone, fabriqué par Apple, pour montrer son attachement aux produits américains.
À chaque pays sa fiscalité. Jack Lew a pour sa part "réitéré ses craintes de voir la Commission européenne appliquer de façon rétroactive une nouvelle approche sur les aides d'État contraire aux principes légaux en place", a confié l'un de ses porte-parole. "Ceci remet également en cause la règle (qui veut que) la fiscalité soit du ressort de chaque pays et ça menace de saper le climat des affaires en Europe", a-t-il poursuivi.
Une pénalité en forme de représailles ? Alors que la situation reste tendue sur ces questions sur les deux rives de l'Atlantique, la commissaire à la concurrence a toutefois rejeté l'idée que la pénalité de 14 milliards de dollars qui menace la banque allemande Deutsche Bank aux États-Unis pour la crise des "subprime" soit une forme de représailles à la décision sur Apple. "Je suis absolument persuadée que la décision sur Deutsche Bank est fondée sur les faits et la législation américaine", a-t-elle affirmé.