Après l'Amazonie, les sous-marins et l'économie : le président français Emmanuel Macron poursuit mercredi au Brésil une visite d'État vouée à marquer le rapprochement avec ce géant latino-américain moteur parmi les pays émergents. Mardi soir, au premier jour de la visite, le chef de l'État et son homologue Luiz Inacio Lula da Silva ont annoncé, dans le décor luxuriant de la forêt amazonienne, un programme visant à lever "un milliard d'euros d'investissements" verts pour l'Amazonie brésilienne et française côté Guyane.
Il s'agit de combiner protection de l'environnement et développement économique et de placer les "peuples autochtones" au cœur des "prises de décision", selon une feuille de route commune présentée en pleine présidence brésilienne du G20 et dans la perspective de la COP30 en 2025 au Brésil. Autre moment fort, Emmanuel Macron a décoré de la Légion d'honneur le cacique Raoni Metuktire, icône planétaire de la défense de l'Amazonie, dans une atmosphère chaleureuse en pleine forêt amazonienne à Belém, ville du nord du Brésil qui accueillera la COP30.
"Je considère Lula comme mon frère, Macron comme mon fils", a confié Raoni, en appelant les deux dirigeants à le soutenir "pour le prix Nobel de la paix" et à poursuivre le combat pour l'Amazonie. Mercredi matin, les deux présidents se retrouvent près de Rio de Janeiro, sur le chantier naval d'Itaguaí, pour la mise à l'eau du troisième d'une série de quatre sous-marins de conception française à propulsion conventionnelle.
Le Brésil, "pas à la hauteur" en termes d’investissements en France
La cérémonie renvoie à décembre 2008 et à la signature en grande pompe par le président français d'alors, Nicolas Sarkozy, et déjà Luiz Inacio Lula da Silva d'un vaste accord stratégique portant aussi sur la vente de 50 hélicoptères. Brasilia pourrait également faire appel à Paris pour l'aider à développer la propulsion nucléaire sur un cinquième sous-marin. La France est restée jusqu'ici très réticente à tout transfert de technologies en la matière, en raison des défis de la prolifération nucléaire.
Ce projet de sous-marin nucléaire d'attaque accumule les retards, notamment en raison de difficultés budgétaires, et le sous-marin est dorénavant prévu en 2036-2037, selon la Marine brésilienne. Le président français rejoindra ensuite la capitale économique, Sao Paulo, pour vanter les mérites des entreprises françaises au Brésil et faire la promotion de la France auprès des investisseurs brésiliens. La France est le quatrième investisseur au Brésil, avec plus de 40 milliards de stocks d'investissements directs dans le pays. "Le Brésil n'est pas à la hauteur en termes d'investissement en France (deux milliards d'euros) quand on voit la taille, l'expertise des conglomérats brésiliens", relève en revanche l'Élysée.
Pierres d'achoppement
Emmanuel Macron annoncera par ailleurs un "paquet santé", avec des engagements français au Brésil et en Amérique latine, à l'occasion de l'inauguration de l'Institut Pasteur de Sao Paulo. Jeudi, le président français sera accueilli dans la capitale Brasilia par Lula au palais présidentiel de Planalto pour des échanges dominés par les grands enjeux internationaux. Si les deux hommes veulent pousser la transition écologique et la réforme de la gouvernance internationale, les sujets qui fâchent ne manquent pas.
À commencer par l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay et Bolivie), serpent de mer que Paris bloque sur fond de crise agricole en Europe. Emmanuel Macron devrait aussi rappeler toute la place que le G20, présidé cette année par le Brésil, doit selon lui continuer à accorder à la guerre en Ukraine. Lula, qui se pose en champion du "Sud global", martèle pour sa part que les responsabilités sont partagées en Ukraine et refuse de prendre parti contre la Russie.