Silvio Berlusconi est mort ce lundi 12 juin, à l’âge de 86 ans. Personnalité fantasque aux multiples vies, "Il Cavaliere" a aussi fait l’objet de nombreuses controverses, entre ses déboires judiciaires, ses accusations de despotisme et des résultats économiques décevants au regard de ses promesses. L’ancien dirigeant italien n’en a pas moins été très populaire, tout au long de son immense carrière politique qui a débuté en 1993, lorsqu’il fonde son mouvement Forza italia et se lance dans la course aux législatives. Sa popularité, il la doit notamment à son sens aigu de la rhétorique et de la répartie. Au micro d’Europe 1, il a eu l’occasion de le démontrer plus d’une fois. Morceaux choisis.
À l’aube de son premier mandat de président du Conseil (1994 - 1995)
Le 31 mars 1994, Silvio Berlusconi et son mouvement Forza Italia, allié à la Ligue du nord, viennent de triompher aux législatives. Le capitaine d’industrie s’apprête à devenir chef d’État. "Je vais changer de vie. C'est quelque chose qu’on ne peut pas choisir vraiment. Il y avait cette possibilité pour mon pays de tomber dans une situation dangereuse. Il n'y avait aucune autre possibilité sur le terrain. J'ai essayé de faire un rassemblement, mais ça n'est pas arrivé. J'ai dû, pour l'amour de mon pays, de ma famille, de mon entreprise, descendre personnellement sur le terrain. Le travail, c'est ma spécialité", commente-t-il au micro d’Europe 1, au lendemain de sa victoire.
Silvio Berlusconi avait-il tous les pouvoirs ?
Le 25 janvier 2002, Silvio Berlusconi est revenu au pouvoir depuis six mois. Majoritaire au Parlement, propriétaire de médias, proche des milieux industriels, le président du Conseil n’hésite pas non plus à jouer de son pouvoir pour écarter les juges qu’il estime un peu trop gênant. Face aux accusations de despotisme, "Il Cavaliere" nie en bloc. "C’est le contraire. Le président du Conseil italien a peu de pouvoir, moins que les autres Premiers ministres européens. Je n’ai aucun pouvoir. Toutes les décisions prises par le gouvernement doivent passer sous l’approbation des deux chambres italiennes", s’explique-t-il sur Europe 1.
La justice le rattrape
En août 2013, Silvio Berlusconi est condamné dans l’affaire Mediaset, dans laquelle il est accusé de fraude fiscale. Trois mois plus tard, il est déchu de son poste de sénateur, et quitte définitivement la vie politique. A-t-il eu peur d’aller en prison ? Non, "Il Cavaliere" n’avait peur de rien. C’est en tout cas ce qu’il affirme au micro d’Europe 1, le 12 décembre 2013. "Ce serait difficile de me mettre en prison. J’aurai immédiatement une grande majorité dans le pays. Personnellement, j’ai un âge très important, je n’ai peur de rien", assure-t-il. Et d’enchaîner : "J’aime mon pays. Je ne peux pas terminer mon aventure humaine de patriote et d’homme d’Etat en fuyant".
Les soirées "bunga bunga"
L’autre affaire qui a occupé Silvio Berlusconi à la fin de sa vie, c’est celle dite "rubygate". À partir d’avril 2011, le dirigeant italien est jugé pour avoir rémunéré des prestations sexuelles à une jeune femme, la Marocaine Karima El-Mahroug, alias Ruby, alors que celle-ci était mineure. Un peu plus tôt, l’ancien dirigeant italien avait évoqué ces accusations, ironisant sur les soirées "bunga bunga" que la jeune femme rapportait aux enquêteurs.
S’il n’a jamais nié catégoriquement l’existence de parties fines dans ses appartements, "Il Cavaliere" s’est toujours défendu d’avoir commis des actes illégaux. "Aucun excès. Des choses ont été montées par la justice pour me condamner. Les soirées ? C'étaient des choses tout à fait normales... Je ne dis pas qu'il n'y avait pas de sexe, mais c'était toujours élégant, dans ma maison", s’est-il défendu sur Europe 1, le 12 décembre 2013. Le 18 juillet 2014, Silvio Berlusconi sera finalement acquitté dans cette affaire par la Cour d'appel de Milan.