Une reconnaissance qui ne passe pas. Samedi dernier, le président américain Joe Biden a reconnu le génocide arménien, devenant le premier président des Etats-Unis à qualifier ainsi la mort d'un million et demi d'Arméniens massacrés par l'Empire ottoman en 1915. Une décision qui a suscité la colère de la Turquie. Bien que reconnu par une vingtaine de pays et de nombreux historiens, cet épisode historique reste contesté par les autorités turques. Sur Europe 1, Ali Onaner, ambassadeur turc en France, pointe une utilisation "abusive" du terme.
Utilisé "à tort et à travers"
"Le terme 'génocide' de nos jours est de plus en plus utilisé à tort et à travers, la position de la Turquie est qu'il faut s'en tenir à la définition purement juridique", explique-t-il. "Cela n'empêche pas la Turquie d'exprimer une compassion sincère que vous pouvez notamment voir dans le message de condoléance envoyé par le président de la République [Recep Tayyip Erdogan, ndlr] chaque 24 avril aux représentants de la communauté arménienne en Turquie."
"Aujourd'hui on constate une utilisation abusive de ce terme", dénonce-t-il. "Je sais qu'en France vous n'acceptez pas que l'on utilise le terme 'génocide' pour ce qui s'est passé en Algérie avant l'indépendance. C'est la même chose en Turquie." Selon le diplomate, ces deux évènements ne correspondent pas à la définition juridique du génocide, "très stricte qui figure dans la convention de 1948", rappelle Ali Onaner.
Ingérence
En signe de protestation, l'ambassadeur américain a été convoqué par la Turquie, qui dénonce une ingérence du président démocrate. "Utiliser ce terme, qui n'est pas le bon, est une politisation. Nous avons tous critiqué le fait que le président Trump soit un populiste. Par cette décision d'utiliser un terme qui ne correspond pas juridiquement, Joe Biden a fait du populisme, qui a même dépassé quelques excès de Donald Trump", déplore Ali Onaner.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a par ailleurs mis en garde lundi contre "l'impact destructeur" sur les relations turco-américaines de la reconnaissance par son homologue américain Joe Biden du génocide arménien, qu'il a jugée "sans fondement".