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Sara Menai avec AFP
Après de violents heurts, La police britannique a déployé mercredi d'importants moyens pour éviter de nouvelles violences à Southport. Cette petite commune a été traumatisée par une attaque au couteau dans une salle de danse. L'agresseur a tué trois fillettes, tandis qu'une dizaine d'autres personnes sont blessées. 

La police britannique a déployé mercredi d'importants moyens pour éviter de nouvelles violences à Southport, au lendemain de heurts vivement condamnés par le gouvernement dans cette ville traumatisée par la mort de trois fillettes dans une attaque au couteau. Si aucun incident notable n'était signalé à Southport dans la soirée mercredi, une manifestation tendue, en réaction à la réponse du gouvernement à l'attaque de lundi, s'est tenue à Londres à proximité de Downing Street.

Des policiers en tenue de maintien de l'ordre ont été visés par des jets de bouteilles, et plusieurs personnes ont été interpellées après ce rassemblement où nombre de participants portaient des drapeaux anglais sur les épaules. Mardi soir à Southport, des heurts, attribués par la police à des manifestants d'extrême droite, avaient éclaté sur fond de spéculations en ligne sur l'origine du suspect de cette agression, au mobile encore inconnu, qui a endeuillé cette ville balnéaire du nord-ouest de l'Angleterre.

Deux cents à trois cents personnes ont allumé des feux, jeté des briques sur une mosquée et affronté les forces de l'ordre, dont 53 agents ont été blessés, selon la police. "C'était terrifiant", a raconté le président de la mosquée Ibrahim Hussein, coincé dans l'édifice pendant les heurts. "Cette méchanceté était incompréhensible", a-t-il ajouté. "Cela fait 30 ans qu'on est ici sans aucun problème." 

La police à la recherche d'autres fauteurs de troubles

Mercredi, plusieurs membres de la communauté musulmane locale se sont rassemblés devant la mosquée, tandis que les services de nettoyage et les habitants débarrassaient les débris restant dans la rue. À la gare, la police surveille étroitement les passagers qui arrivent pour tenter d'identifier de potentiels fauteurs de troubles connus des forces de l'ordre, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Nous prenons toutes les dispositions nécessaires pour ce soir et le week-end à venir", a assuré à la presse la cheffe de la police du Merseyside, Serena Kennedy, assurant avoir reçu des renforts d'autres régions afin de "disposer des ressources nécessaires pour ne pas voir les événements de la nuit dernière se répéter". Quatre hommes de 31 à 39 ans ont été arrêtés, selon la police, trois étant accusés de participation aux heurts et le quatrième de rixe et possession d'une arme blanche. "D'autres suivront", a prévenu Serena Kennedy.

La police a dit "soupçonner" les responsables des violences d'être des "soutiens" de la Ligue de défense anglaise (EDL), un mouvement d'extrême droite anti-islam dont les manifestations sont régulièrement émaillées de débordements. "Ceux qui ont détourné la veillée des victimes avec de la violence et de la brutalité ont insulté la population dans son deuil. Ils subiront toute la force de la loi", a réagi sur X le Premier ministre Keir Starmer. L'attaque au couteau s'est produite à la mi-journée lundi, en pleines vacances scolaires, dans un club de danse lors d'une activité pour enfants autour de la musique de Taylor Swift.

Deux fillettes, de six et sept ans, sont décédées le jour même, et une troisième, âgée de neuf ans, est décédée mardi. Selon le dernier bilan, huit autres enfants ont été blessés dont cinq étaient toujours mardi dans un état critique. Deux adultes ont également été grièvement blessés, probablement en tentant de "protéger" les enfants, selon la police.

Spéculation autour de l'origine de l'agresseur

La police a arrêté un adolescent de 17 ans, dont la garde à vue a été prolongée mercredi. Mais aucun détail n'a été donné sur ce suspect, originaire de Cardiff au Pays de Galles et domicilié dans la petite ville de Banks proche de Southport. Selon la BBC, sa famille vient du Rwanda.

Depuis l'attaque, de nombreuses rumeurs sur sa nationalité, le moment de son arrivée au Royaume-Uni ou sa religion ont foisonné sur les réseaux sociaux. Les autorités ont tenté d'appeler à la patience et à la prudence une population qui réclame des réponses sur les motivations de l'agresseur. Le député local Patrick Hurley a blâmé "la propagande et les mensonges" diffusés en ligne, dont certains "dans l'espoir de causer de la division".

Lors de la veillée mardi soir, June Burns, la maire de Sefton, district auquel appartient Southport, a appelé à la tribune "au calme et au respect", devant une foule recueillie. Plusieurs personnes présentes étaient originaires du Portugal, pays d'où viennent les parents d'une des trois fillettes tuées. Comme Sara Taylor, 36 ans, qui voyait régulièrement la petite avec sa mère dans un commerce du coin. "C'est une tragédie (...) personne n'aurait pu prévoir ça. Elle était toujours heureuse, gaie, très souriante".