Attaque de Magdebourg : le suspect avait des opinions «islamophobes» et «d'extrême droite»

L'auteur présumé de l'attaque sur le marché de Noël de Magdebourg fin décembre est un homme "mentalement perturbé", à "l'islamophobie marquée" et influencé par "les idéologies d'extrême droite", a souligné jeudi la ministre allemande de l'Intérieur. Ses troubles de comportement avaient fait l'objet de "105 signalements" des autorités régionales et fédérales mais ces "indices" (...) n'étaient pas disponibles de manière centralisée quelque part", a aussi indiqué la ministre Nancy Faeser.

Un homme "mentalement perturbé"

Le 20 décembre, Taleb Jawad al-Abdulmohsen, médecin saoudien de 50 ans, a foncé dans la foule du marché de Noël, dans cette ville du centre du pays, avec une puissante voiture, faisant six morts et quelque 300 blessés, avant d'être arrêté par la police. Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a participé jeudi à Magdebourg à un hommage aux victimes.

Lors d'une déclaration à la presse, Nancy Faeser a dressé le portrait d'un homme "mentalement perturbé", "imprégné par des théories du complot confuses", faisant preuve "d'une islamophobie marquée et d'une proximité avec les idéologies d'extrême droite". Même s'il ne s'agit "pas officiellement d'une attaque terroriste", souligne-t-elle, l'enquête a aussi démontré une "haine dirigée à la fois contre l'État allemand et contre les individus".

Fin décembre, Nancy Faeser avait souligné que cet homme, connu pour ses opinions radicalement hostiles à l'islam après avoir rompu avec sa religion et son pays d'origine, ne rentrait "dans aucun schéma antérieur" connu des autorités. Selon la justice, l'homme, actuellement en détention provisoire, semble avoir agi pour dénoncer le manque de soutien des autorités allemandes chargées de l'asile aux réfugiés saoudiens ayant comme lui rompu avec leur pays.

Des signaux inquiétants avant son passage à l'acte

Cette attaque a mis le gouvernement allemand en difficulté à deux mois des élections législatives anticipées : les autorités sont accusées de graves erreurs de jugement, tant l'auteur présumé avait multiplié les signaux inquiétants en amont.

Si l'Office fédéral de la police criminelle a "établi une chronologie d'environ 105 occurrences", émises par six régions et au niveau national, et notamment le fait qu'il avait "annoncé vouloir tuer", "cette multitude de faits n'étaient accessibles à personne dans leur intégralité", s'est justifiée la ministre.

Dans un pays où les Etats régionaux (Länder) disposent de multiples prérogatives, elle a préconisé "une meilleure gestion des données" entre les différents échelons, notamment avec l'aide de l'intelligence artificielle.