"Pas d'électricité, pas d'eau, pas de gaz". Par ces mots, Yoav Gallant, ministre israélien de la Défense, imposait un "siège complet" à la bande de Gaza, territoire sous emprise du Hamas. Une manière, pour l'État hébreu, de riposter après l'incursion meurtrière du mouvement islamiste palestinien sur son sol, responsable de plus de 1.200 morts côté israélien, selon un bilan toujours provisoire.
Mais très vite, l'ONU, ainsi que plusieurs ONG, ont souligné le caractère illégal de la réplique israélienne. "L'imposition de sièges qui mettent en danger la vie des civils en les privant de biens essentiels à leur survie est interdite par le droit international humanitaire", a déclaré le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk dans un communiqué. Ce mardi, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) réclamait ainsi la mise en place d'un corridor humanitaire vers la bande de Gaza. Une demande réitérée ce mercredi par diverses ONG dont Médecins sans frontière ou encore Médecins du monde.
Une mise en œuvre complexe
Sous un double blocus israélo-égyptien, depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007, la bande de Gaza pourrait ainsi se retrouver totalement asphyxiée. Le corridor humanitaire, souvent déployé dans des zones ravagées par les conflits, permet justement d'acheminer d'une part des produits de première nécessité et, d'autre part, d'évacuer les civils en zone sûre, mais aussi des malades et des blessés. Un dispositif qui apparaît d'autant plus nécessaire sur la bande de Gaza où près de deux tiers de la population vit de l'aide humanitaire.
"Nous avons besoin de ces fournitures. Les hôpitaux ne peuvent pas fonctionner sans carburant, sans électricité. Les fournitures que nous avons prépositionnées sont déjà à un bas niveau, nous avons donc besoin que ces fournitures arrivent", a notamment déclaré Tarik Jasarevic, l'un des porte-paroles de l'OMS.
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L'établissement de corridors humanitaires, bien qu'ils ne soient pas expressément définis comme tel, est évoqué dans l'article 23 des Conventions de Genève du 12 août 1949, régissant le droit international humanitaire. Il stipule ainsi l'obligation de favoriser le "libre passage de tout envoi de médicaments et de matériel sanitaire et des vivres indispensables, de vêtements et fortifiants". Toutefois, la mise en œuvre d'un tel dispositif a tout du casse-tête car elle nécessite généralement qu'un accord soit conclu entre les belligérants. En l'occurrence, il faudrait qu'Israël et le Hamas établissent une trêve humanitaire et suspendent temporairement le conflit.
Les exemples de l'Ukraine et de la Syrie
Au cours de la guerre en Ukraine, plusieurs corridors humanitaires ont tout de même réussi à voir le jour. Ce fut le cas, par exemple, en avril 2022, alors que Mariupol subissait les assauts russes. Un couloir avait été établi entre la ville portuaire et Zaporijjia. En Syrie, en proie à la guerre civile depuis 2011, quatre dispositifs avaient été déployés, mais la Russie, principale alliée de Damas, en a progressivement fermé trois. Lors du séisme meurtrier de février dernier, responsable de plus de 50.000 morts en Turquie et de près de 6.000 morts en Syrie, le régime de Bachar Al-Assad avait accepté de rouvrir temporairement deux points de passage à Bab Al-Salam et Al Ra'ee entre la Turquie et le nord-ouest de la Syrie.