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«On attendait ce jour depuis longtemps» : Damas se réveille sans Assad

Europe 1 avec AFP . 3 min
À Damas, des tirs de joie ont retenti.
À Damas, des tirs de joie ont retenti. AFP / © Aref TAMMAWI / AFP

Après l'annonce par les rebelles de la "fuite" du "tyran" en réference au président Bachar al-Assad, des tirs de joie ont retenti dans les rues de Damas, la capitale. Nombre de Syriens se réjouissent de ne plus être sous le contrôle d'un "criminel" qui entretenait une "culture de la peur".

À Damas, des tirs de joie ont retenti et des invocations religieuses ont été lancées dans les hauts-parleurs des mosquées. Encore sonnée par l'annonce de la "fuite" du président Bachar al-Assad, la capitale syrienne s'est réveillée dimanche avant l'aube sous contrôle rebelle.

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Selon des témoins contactés par l'AFP, quelques dizaines de personnes ont rallié la place des Omeyyades, dans le centre de Damas, pour célébrer la chute du clan Assad au pouvoir depuis plus d'un demi-siècle, dans un pays morcelé par une guerre civile meurtrière depuis 2011. "On attendait ce jour depuis longtemps", a indiqué Amer Batha, joint au téléphone par l'AFP depuis la place des Omeyyades, dans un pays dirigé d'une main de fer par un pouvoir qui réprimait toute dissidence et étouffait les libertés publiques.

"Je n'arrive pas à croire que je suis en train de vivre cet instant", lâche ce Syrien qui fond en larmes : "C'est une nouvelle histoire qui commence pour la Syrie".

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"La Syrie est à nous, elle n'est pas à la famille Assad"

Sur une autre place publique dans le centre de Damas, sous les cris de "Allah Akbar" ("Dieu est le plus grand") lancés à la volée pour exprimer la joie de la foule, des dizaines d'habitants ont piétiné une statue de Hafez al-Assad, le père de Bachar, après l'avoir fait chuter et l'avoir brisée, selon des images de l'AFPTV.

"La Syrie est à nous, elle n'est pas à la famille Assad", ont scandé des hommes armés des groupes rebelles circulant dans certaines rues de Damas, tirant en l'air en signe de joie.

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Les locaux abritant la télévision et la radio publiques abandonnés par les fonctionnaires

Les soldats du régime se débarrassaient eux à la hâte de l'uniforme militaire de l'armée syrienne, en sortant du siège de l'état-major sur la place des Omeyyades, ont raconté à l'AFP des habitants. Illustrant la débandade qui a accompagné l'offensive fulgurante des rebelles dans la capitale, les locaux abritant la télévision et la radio publiques ont été abandonnés par les fonctionnaires, selon un ancien employé.

À quelques kilomètres de là, dans le pittoresque vieux Damas où vivent de nombreuses familles chrétiennes, de jeunes syriens dans les allées étroites scandaient "le peuple syrien est uni", un message se voulant rassurant à destination des minorités d'un pays multiconfessionnel, déchiré par 13 années d'une guerre civile meurtrière et dévastatrice.

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"Je n'arrive pas à croire qu'à partir d'aujourd'hui je n'aurai plus peur"

Dans un autre quartier, à Chaghour, des femmes aux balcons poussaient des cris de joie, d'autres jetaient du riz au passage de combattants armés. "Je n'arrive pas à croire qu'à partir d'aujourd'hui je n'aurai plus peur", confie à l'AFP Ilham Basatina, fervente quinquagénaire juchée sur son balcon à Chaghour.

"Aujourd'hui notre joie est immense, mais elle ne sera complète que quand le criminel sera jugé", lâche-t-elle en référence à Bachar al-Assad. Les rebelles entrés à Damas ont annoncé que le "tyran" s'était enfui.

Avant le lever du jour, la capitale a été secouée par cinq fortes déflagrations d'origine inconnue, probablement des tirs d'artillerie ou des explosions dans des entrepôts de munitions, selon un soldat en cavale, s'exprimant sous couvert d'anonymat. "Notre supérieur direct nous a informé qu'il fallait nous retirer et rentrer chez nous", raconte-t-il à l'AFP: "On a compris que tout était fini."

Une "culture de la peur" 

Sur les réseaux sociaux, journalistes, employés de la fonction publique et parlementaires se sont empressés de changer leur photo de profil, choisissant d'y arborer le drapeau de l'opposition. "Ce n'est pas la faute des journalistes et des médias syriens", a justifié le rédacteur en chef du quotidien progouvernemental Al-Watan, Waddad Abd Rabbo. "Tous, nous ne faisions qu'exécuter les ordres et publier les informations qu'ils nous envoyaient", en allusion aux autorités.

Sur Facebook, l'acteur syrien Ayman Zidan a reconnu qu'il était "dans l'illusion". "Peut-être étions-nous prisonniers d'une culture de la peur. Ou avions-nous peur du changement, car on pensait que cela nous mènerait vers le sang et le chaos", ajoute-t-il. "Mais nous voilà aux portes d'une nouvelle ère, avec des hommes qui nous ont impressionné par leur noblesse et une culture du pardon et le désir de restaurer l'unité du peuple syrien", dit-il encore en allusion aux rebelles.

Ces rebelles qui dans les rues de Damas, en treillis militaire, s'agenouillaient pour embrasser le sol dans l'émotion ou prier. D'autres se prenaient en photos, les tirs nourris des armes à feu retentissant sans discontinuer.

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