La Nouvelle-Zélande est sous le choc. Deux mosquées de Christchurch ont été visées vendredi par un attentat anti-musulmans, faisant au moins 49 morts. Le suspect, qui a été arrêté et inculpé de meurtres, a été officiellement identifié comme Brenton Tarrant, un Australien de 28 ans qualifié de "terroriste extrémiste de droite" par le Premier ministre australien. Cet homme, qui a revendiqué les attaques dans un long manifeste de 74 pages, a également fait de nombreuses références à la France pour expliquer son geste.
Un "terroriste extrémiste de droite" qui a filmé l’attaque
Le terroriste, qui n'était pas connu des services de renseignement néo-zélandais, a filmé son attaque et l’a diffusée en direct sur Facebook. Dans cette vidéo de 17 minutes, il se présente comme Brenton Tarrant, un Australien aux revenus modestes, selon Le Parisien. La chaîne britannique Sky News, qui a également regardé la séquence, décrit des scènes d’horreur, dans lesquelles le tireur abat des fidèles à bout portant et revient achever des blessés gisant au sol. La vidéo a été authentifiée par l’AFP, qui livre d’autres détails sur le mode opératoire du terroriste.
Sur les armes du tireur figurent notamment, en anglais et dans plusieurs langues d'Europe de l'Est, les noms de personnages de l'histoire militaire, dont de nombreux Européens ayant combattu les forces ottomanes aux 15e et 16e siècle. Le nom d’Ebba Akerlund, une jeune Suédoise de 11 ans tuée dans un attentat djihadiste en 2017 à Stockholm, est également écrit sur l’une des armes. Vendredi soir, la Première ministre néo-zélandaise a précisé que "l'attaquant était détenteur d'un permis de port d'armes (...) acquis en novembre 2017".
Un manifeste raciste inspiré par Anders Breivik
Le principal suspect affirme dans un manifeste, publié sur les réseaux sociaux avant l’attaque, avoir agi seul et ne pas être membre d’un groupe ou d’une organisation. Dans ce document confus de 74 pages, intitulé "Le Grand remplacement", le tireur déclare vouloir s'en prendre à des musulmans. Le titre fait référence à une thèse de l'écrivain français Renaud Camus sur la disparition des "peuples européens", "remplacés" selon lui par des populations non-européennes immigrées, qui connaît une popularité grandissante dans les milieux d'extrême droite.
Le terroriste reprend à son compte cette théorie, disant vouloir se "venger" pour les "centaines de milliers de morts causés par les envahisseurs étrangers dans les pays européens tout au long de l’Histoire", et pour les "milliers d’Européens tués dans des attaques terroristes".
Il ajoute également s’être inspiré d’Anders Beiring Breivik, l’extrémiste de droite norvégien qui avait tué 77 personnes en 2011 à Oslo et sur l’île d’Utoya. "J'ai eu seulement un bref contact avec le Chevalier Justicier Breivik, et reçu une bénédiction pour ma mission après avoir contacté ses frères chevaliers", écrit-il. Comme Breivik avant lui, le tueur de Christchurch ose dans son texte la comparaison avec Nelson Mandela, disant même s'attendre à recevoir un jour, comme lui, le prix Nobel de la paix. Le Norvégien avait lui aussi publié un manifeste (de plus de 1.500 pages) avant de commettre son attentat.
De nombreuses références à la France
Le tireur confie avoir prémédité son geste il y a deux ans, lors d’un voyage "en tant que touriste en Europe de l'Ouest, en France, en Espagne, au Portugal et ailleurs". L’attaque au camion de Stockholm, en avril 2017, serait l’un des déclencheurs de sa radicalisation, tout comme la défaite à l’élection présidentielle de Marine Le Pen face à Emmanuel Macron, qu’il qualifie de "mondialiste anti-blanc". "La situation politique en Europe m’était impossible à accepter. Ma foi dans une solution démocratique s’est évanouie", avance-t-il. Il se montre toutefois sévère avec le Front national (devenu Rassemblement national), qu'il qualifie plus loin de "parti de chiffes molles nationalistes, totalement impuissants à créer un réel changement et sans plan viable pour sauver leur nation".
Le terroriste affirme également s’être rendu dans des "villes de taille moyenne de l’Est de la France". "Dans toutes les villes françaises, dans tous les villages français, les envahisseurs étaient là", écrit-il.
L’enquête devra déterminer si le principal suspect a effectivement voyagé en France. "L'auteur identifié par les services néo-zélandais n'est pas connu en France", a déclaré vendredi le ministre de l'Intérieur Christrophe Castaner. Deux autres hommes sont en garde à vue, sans que l'on sache ce qui leur est reproché.