Dans cet hôpital d'Ankara, les médecins sont débordés. Situé à quelques centaines de mètres seulement du lieu de l'attentat qui a frappé la Turquie samedi, l'établissement a recueilli près de la moitié des blessés. Alors que le bilan officiel s'est encore aggravé dans la nuit de dimanche à lundi, passant à 97 morts et plus de 500 blessés, la vie s'organise tant bien que mal.
Va-et-vient des ambulances. Des familles sont sur place depuis deux jours et vivent dans l'angoisse en attendant de savoir si leurs proches sont vivants ou morts. Certains patientent en dormant sur des bancs ou sur la pelouse. Dans la petite cour des urgences, les ambulances continuent leur va-et-vient. Des vendeurs à la sauvette distribuent gratuitement leurs bouteilles d'eau et quelques sandwichs aux enfants, tandis que des attroupements se forment lorsqu'une infirmière sort avec quelques rares nouvelles.
"J'ai attendu toute la nuit". Dans un coin, des jeunes tentent de consoler une vieille femme, mais Fatma n'entend plus personne : elle vient de perdre son mari. "Ça a été une nuit épouvantable", dit-elle au micro d'Europe 1. "J'ai dit au docteur : 'donnez-moi des nouvelles ou montrez-le moi'. Il ne savait pas s'il était mort ou pas. J'ai attendu toute la nuit".
La colère monte. Assis sur un muret, Hakim est venu en famille. Il attend depuis des heures des nouvelles de sa soeur. "C'est très difficile d'attendre, de ne pas avoir de nouvelles, et surtout de ne pas la voir", explique-t-il. "Mais il y a beaucoup de gens, il faut être compréhensif". Il n'empêche, après le choc, la colère monte dans le pays. Dimanche, des milliers de personnes sont descendues dans les rues à l'appel de l'opposition pour conspuer le président Recep Tayyip Erdogan.