Après le coup de théâtre, la chasse à l'homme. Lundi soir, la police pensait tenir son suspect, une heure seulement après l'attentat qui a fait 12 morts sur un marché de Noël du centre-ville de Berlin. Mais l'homme, un demandeur d'asile pakistanais interpellé sur la base d'une description trop floue, a été innocenté et relâché, mardi. Une précieuse journée perdue par les enquêteurs pour retrouver le véritable auteur de l'attaque. Grâce à des papiers d'identité découverts dans la cabine du camion-bélier, le suspect a pu être identifié, mercredi. Âgé de 24 ans, il est toujours en fuite et considéré comme dangereux.
Un Tunisien de 24 ans. Selon le parquet, il s'agit d'un Tunisien, comme l'avait annoncé la presse allemande, du nom de Anis A. Il mesure 1m78 et pèse environ 75 kilos. "Il pourrait être dangereux et armé", poursuit le parquet dans un communiqué, précisant qu'une récompense de 100.000 euros est offerte. Selon plusieurs médias, il serait originaire de Tataouine, dans le sud du pays et sa venue remonte au mois de juillet 2015. Lors d'une conférence de presse, le ministre de l'Intérieur de Rhénanie du Nord, Ralf Jäger a indiqué que le suspect avait, depuis son entrée dans le pays, vécu dans plusieurs régions, parmi lesquelles la Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
Son installation à Berlin, elle, remonterait au mois de février 2016. Cinq mois plus tard, sa demande d'asile y a été rejetée. Le suspect a alors fait l'objet d'une procédure d'expulsion vers son pays. Mais la Tunisie, l'un des plus gros fournisseurs de combattants étrangers aux mouvements djihadistes, a d'abord "nié que l'homme était tunisien", refusant la procédure, avant, très récemment, de reconnaître sa nationalité.
Suspecté de préparer une attaque. "Il s'agit d'un individu classé dangereux, que les services de sécurité connaissaient et qui appartenait à la scène islamiste-salafiste", a indiqué Stephan Meyer. Avant le drame de Berlin, le Tunisien était suspecté de préparer "un acte criminel grave représentant un danger pour l'Etat" et avait été signalé au centre allemand de lutte contre le terrorisme. Le parquet de Berlin, qui menait l'enquête, avait notamment relevé ses contacts avec l'Irakien "Abou Walaa", arrêté en novembre avec quatre complices et suspecté d'avoir monté un réseau de recrutement pour le compte du groupe Etat islamique. L'organisation a revendiqué l'attaque de Berlin, mardi.
Selon un journal local allemand, environ 150 policiers ont perquisitionné dans l'après-midi un foyer de réfugiés dans la localité d'Emmerich, dans l'ouest du pays, où le Tunisien a séjourné dans le passé. D'autres médias avancent l'hypothèse que le suspect ait pu être blessé après avoir percuté le marché avec son poids lourd, dont la cabine était très abîmée. Des traces de sang ont été retrouvées à l'intérieur. Du coup, la police a effectué des vérifications dans plusieurs hôpitaux de Berlin, selon ces mêmes médias.
Mais après le fiasco de la première arrestation, les enquêteurs livrent leurs informations au compte-goutte, sans se précipiter. Un député ayant aussi participé à la réunion au Parlement a ainsi indiqué aux journalistes que tout le "porte-monnaie" du suspect avait été retrouvé dans le camion, mais que la police ne pouvait pas pour autant affirmer que le Tunisien était dans le véhicule. Un avis de recherche a été émis pour l'Allemagne, mais aussi pour tout l'espace Schengen.