Un rapport d'enquête mené sur l'attentat djihadiste du marché de Noël de Berlin a pointé les "grosses erreurs" de la police et de la justice, qui auraient pu arrêter l'auteur. Revendiqué par le groupe Etat islamique (EI), cette attaque au camion-bélier avait fait 12 morts le 19 décembre 2016.
Arrestation plusieurs mois avant. "De grosses erreurs ont été commises alors qu'elles n'auraient jamais dû l'être", a estimé l'auteur du rapport, Bruno Jost, lors de sa présentation à la presse jeudi à Berlin. Selon lui, il aurait pu être évité "avec une probabilité élevée" au moins plusieurs mois auparavant.
Pas surveillé les dimanches et jours fériés. Ancien procureur fédéral, Bruno Jost avait été chargé par la ville de Berlin de faire la lumière sur les raisons qui ont empêché la police d'intercepter l'auteur de l'attaque, Anis A., avant l'attentat, alors que ce Tunisien de 24 ans a été surveillé par la police. Dans son rapport, qui porte essentiellement sur les dysfonctionnements au sein de la police et du parquet berlinois, il pointe des services de la police criminelle berlinoise totalement incapables d'assurer la surveillance des islamistes potentiellement dangereux comme Anis A. Ce dernier n'a ainsi été surveillé que quelques semaines, note Bruno Jost : "toutes les observations se sont limitées aux jours ouvrés (...) même pendant les semaines où (Anis A.) était placé en tête de liste des (islamistes) potentiellement dangereux. Le week-end et les jours fériés, il n'y avait aucune surveillance".
Relâché malgré de faux passeports. Mais d'autres polices sont aussi visées. Ainsi selon l'enquêteur, Anis A. avait été interpellé fin juin à Friedrichshafen en possession de deux faux passeports italiens mais avait été relâché. "Tout ce qui pouvait être mal fait l'a été", a martelé Bruno Jost, dont le rapport intermédiaire rendu en mai avait accusé la police berlinoise d'avoir falsifié un document qui aurait théoriquement pu conduire à l'arrestation d'Anis A. avant l'attentat. Selon l'édition en ligne de l'hebdomadaire Der Spiegel, "plusieurs passages" relatifs à ces suspicions ont toutefois été biffés dans le rapport final en raison de l'enquête toujours en cours contre les policiers soupçonnés.