Elle aura coûté la vie à 58 soldats français et aura mobilisé jusqu'à 5.500 militaires au Sahel, engagés dans la lutte contre le djihadisme dans la région. L'opération Barkhane va officiellement prendre fin ce mercredi, a indiqué l'Élysée mardi. Une annonce qui intervient un peu moins de trois mois après le retrait des derniers soldats tricolores au Mali. D'un immense espoir suscité lors de son déclenchement jusqu'à la disgrâce, retour en six dates clés sur une opération au succès contrasté.
Janvier 2013 : lancement de l'opération Serval, l'ancêtre de Barkhane
En mars 2012, des groupes rebelles indépendantistes et des mouvements djihadistes liés à Al-Qaïda sèment le trouble au Mali. Le président Amadou Toumani Touré est visé par une série d'attentats et plusieurs villes du nord du pays, dont Gao, Kidal et Tombouctou sont occupées.
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Réaction quasi immédiate de Paris qui déclenche le 11 janvier 2013 l'opération Serval. 5.000 soldats sont envoyés dans la région pour contrecarrer les plans djihadistes. Les troupes tricolores parviennent à libérer Gao à l'est du pays ainsi que Tombouctou et s'emparent de l'aéroport de Kidal. A cet instant, la France, et son président de l'époque François Hollande, sont accueillis en triomphe par la population locale.
François Hollande accueilli triomphalement à Tombouctou, en 2013.
Crédits : FRED DUFOUR / POOL / AFP
Août 2014 : adieu Serval, bonjour Barkhane
Pour concentrer ses efforts au Sahel après une lourde défaite subie par l'armée malienne à Kidal, Paris enterre Serval et lance l'opération Barkhane. "Le but, c’est d'empêcher que ce que j’appelle l'autoroute de tous les trafics ne devienne un lieu de passage permanent, de reconstitution des groupes djihadistes entre la Libye et l’océan Atlantique", déclare alors le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
Plus de 4.000 hommes sont alors mobilisés ainsi que des blindés, hélicoptères, avions de chasse et des drones. Barkhane devient alors la plus vaste opération extérieure de l'armée française et aboutira en 2015 à l'accord d'Alger signé entre le gouvernement malien et la rébellion touareg. Mais son application reste imparfaite et n'empêche pas un regain de violence dans le sud-est du pays, au Burkina Faso et au Niger.
Au lancement de l'opération Barkhane, plus de 4.000 militaires français étaient mobilisés.
Crédits : Miguel MEDINA / AFP
2015-2019 : Attentats en série et crash d'hélicoptère
L'instabilité persistante de la région conduit à divers attentats et entraîne une série de violences intercommunautaires. L'hôtel Radisson Blu de Bamako est visé en novembre 2015, faisant une vingtaine de morts, dont 14 étrangers. Les villes de Gao et Sévaré subissent deux attaques islamistes, revendiquées par Al-Qaïda, entre le 29 juin et le 2 juillet 2018.
Des bases militaires au Mali et au Niger sont ensuite la cible du groupe État islamique au grand Sahara (EIGS). Mais l'évènement le plus meurtrier pour l'armée tricolore intervient le 25 novembre 2019 avec la collision accidentelle de deux hélicoptères lors d'une opération nocturne contre un groupe djihadiste. 13 militaires tricolores y laisseront leur vie.
L'hôtel de Bamako, le Radisson Blu, a été visé par un attentat le 20 novembre 2015.
Crédits : HABIBOU KOUYATE / AFP
2020-2021 : Un coup d'État qui redistribue les cartes
Alors que les forces spéciales françaises venaient d'éliminer Abdelmalek Droukdel, l'émir d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), un coup d'État se prépare à Bamako pour renverser le président Ibrahim Boubacar Keïta, favorable à la présence tricolore dans la région. Une première tentative qui se solde par un échec mais qui ne va pas décourager la junte militaire qui réussit à accéder au pouvoir un an plus tard, le 24 mai 2021.
De quoi rafraichir instantanément les relations entre Paris et Bamako et hypothéquer l'avenir de l'opération Barkhane.
Des militaires maliens escortent le véhicule du nouveau président, le 31 mai 2021.
Crédits : Michele Cattani / AFP
Juin 2021 : Emmanuel Macron annonce la fin de l'opération Barkhane
La réaction de l'Élysée ne se fait guère attendre. À l'occasion du sommet du G7 au Royaume-Uni, Emmanuel Macron décide de mettre un terme à l'opération Barkhane. "La France ne peut pas se substituer (…) à la stabilité politique, au choix des États souverains", justifie-t-il alors.
5.000 hommes doivent alors quitter la région mais une grosse moitié d'entre eux resteront sur place dans un premier temps. Paris n'entend pas pour autant suspendre toute forme de coopération militaire avec les armées locales. "Il n'y a pas de désengagement français", assure à l'époque la ministre des Armées Florence Parly.
Février 2022 : le retrait militaire est officialisé par Emmanuel Macron
C'est le clap de fin quasi définitif pour l'opération Barkhane. Deux semaines après l'expulsion de l'ambassadeur de France au Mali, exigée par la junte militaire au pouvoir, Emmanuel Macron entérine le retrait militaire de la France et de ses partenaires le 17 février dernier.
Une décision également motivée par la défiance que suscite la présence militaire française auprès des populations locales mais aussi par la présence du groupe paramilitaire russe Wagner dans la région. En août 2022, les derniers soldats encore en opération au Mali quittent le pays, sans incident majeur.