La planète souffre du réchauffement climatique, et la main de l'homme y est pour beaucoup. Au Brésil, où la forêt amazonienne est de plus en plus fragile, Ricardo Salles, le ministre de l’Environnement, est soupçonné de trafic illégal de bois. L'affaire fait scandale car ce ministre est un très proche du président Jair Bolsonaro...qui avait récemment promis mettre fin à la déforestation illégale d'ici 2030.
Proche de Bolsonaro et climato-sceptique
Ricardo Salles est effectivement un membre de la garde rapprochée qui partage avec le président brésilien des positions climato-sceptiques extrêmes, c'est-à-dire une négation absolue des effets du réchauffement de la planète et un total mépris pour tout ce qui relève de la conservation de la nature.
Surtout, les deux hommes partagent la même conviction que la déforestation de la jungle amazonienne est une priorité économique qui permettra au Brésil de développer son agriculture. Une conviction tout à fait assumée par Jair Bolsonaro, qui aime à se faire surnommer le "capitaine Tronçonneuse" en référence à son grade dans la réserve militaire et à sa politique de déboisement.
Au mois d’avril dernier, ce sont 778 km² de forêt qui ont été rasés en Amazonie, soit le rythme de destruction le plus élevé depuis dix ans.
35 mandats de perquisition pour trafic de bois
Mais ce que soulève désormais la justice ne relève plus du tout du débat d’opinion sur le développement agricole ou le dérèglement climatique. Les 35 mandats de perquisition délivrés par la Cour suprême visent un trafic de bois purement mafieux, dirigé par le ministre de l’Environnement en personne, qui a enrôlé pour ce faire plusieurs dizaines de hauts fonctionnaires dans ce que la police fédérale décrit comme un "réseau criminel transnational".
L'accusation est extrêmement grave mais très solidement étayée par une enquête secrète qui a mobilisé plus de 160 inspecteurs.
Une politique de déboisement depuis deux ans
Il semble d'ailleurs probable qu'un tel trafic n’aurait pas été possible s’il n’avait pas été directement piloté par le ministre de l'Environnement et approuvé par le président. Il a d’abord fallu que Ricardo Salles démantèle les lois et les agences chargées de protéger la forêt amazonienne. C’est d’ailleurs la mission que lui avait confié Jair Bolsonaro lorsqu'il l'avait nommé à la tête du ministère de l’Environnement en janvier 2019, et cela fait maintenant plus de deux ans qu’il s’y emploie.
Ricardo Salles a d'abord commencé par licencier les cadres dirigeants de l’Institut de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables, l'organisme de régulation environnementale du Brésil, et il vient encore de réduire d’un quart son budget annuel de fonctionnement.
Il a ensuite abrogé l’interdiction d’exploiter les réserves naturelles, puis autorisé à tout va l'ouverture de nouvelles friches, et n'a pas levé le petit doigt pour combattre les terribles incendies qui ont ravagé la forêt amazonienne. Mais le ministre a fait une erreur : il a fait limoger le mois dernier le chef de la police fédérale de l’État d’Amazonas, ce qui a passablement agacé les policiers et déclenché les investigations.