L'annonce a pris de court tous les observateurs. Le Sénégal et le Tchad réclament le départ des soldats français. En l'espace d'une journée, deux partenaires de longue date annoncent la fin de coopération militaire stratégique. Conséquence : 1.350 militaires installés respectivement au Tchad et au Sénégal vont progressivement se retirer d'Afrique. Ce vendredi soir, la France a annoncé prendre acte de cette décision, mais entend poursuivre le dialogue, notamment dans le combat anti-djihadistes au Sahel. Pour autant, ce départ réclamé des soldats français provoque l'incompréhension.
Plus d'autonomie
Le désengagement de la France dans la région se confirme donc. C’est même un camouflet pour le pays et pour Jean-Michel Barrot, le ministre des Affaires étrangères. Il est d'ailleurs actuellement en tournée sur le continent africain. Le ministre était même encore présent dans la capitale tchadienne au moment de l’annonce par les autorités locales. Mais pour Jean-Michel Fauvergues, ancien patron du Raid, il ne faut pas comparer la situation avec des pays où la junte militaire a pris le pouvoir, comme au Mali ou au Burkina Faso.
"Je crois qu'on est dans une vision de pays qui veulent avoir une autonomie complète dans tous les domaines et en particulier dans les domaines militaires. Ça ne veut pas dire que la coopération militaire est terminée avec ces pays-là. Ces pays ne veulent plus de présence française massive sur leur territoire, c'est leur choix. Ce n'est pas une animosité particulière envers les Français ou la présence française", analyse-t-il.
Une aubaine pour la France ?
Au moment où la guerre est aux portes de l’Europe, ce retrait du Sahel peut être une aubaine pour l’armée française. "Je pense qu'on a besoin de repositionner nos troupes françaises pour une présence continentale plus importante et on a besoin de plus de troupes. Il me semble intéressant de pouvoir disposer de troupes qui étaient mobilisées là-bas", complète Jean-Michel Fauvergues.
La France n’a par ailleurs pas complètement abandonné toutes ses positions en Afrique. Quelque 2.450 soldats sont encore présents en Côte d'Ivoire, au Gabon et à Djibouti.