Les autorités birmanes ont inculpé l'ex-dirigeante Aung San Suu Kyi, renversée lundi par un coup d'Etat, l'accusant d'avoir enfreint une règle commerciale, a déclaré mercredi un porte-parole de son parti. Un tribunal "a ordonné sa détention provisoire pour une période de 14 jours, du 1er au 15 février, l'accusant d'avoir violé une loi sur les importations/exportations", a écrit sur Facebook Kyi Toe, porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND). L'ex-président Win Myint est inculpé pour avoir violé la loi sur la gestion des catastrophes naturelles, selon lui.
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La LND a appelé sur Facebook à la "libération" immédiate d'Aung San Suu Kyi, 75 ans, et de ses autres responsables, dénonçant une "tache dans l'histoire de l'Etat" et appelant l'armée à "reconnaître le résultat" des élections de novembre.
Un porte-parole du parti a précisé qu'aucun contact direct n'avait été noué avec Suu Kyi, même si des voisins l'ont aperçue se promenant dans le jardin de sa résidence officielle entourée de murs. L'armée a promis la tenue de nouvelles élections, une fois que l'état d'urgence d'un an sera levé.
Les premiers signes de résistance émergent
Des raids ont été menés dans différents locaux du mouvement et des document saisis, selon le parti. Deux jours après ce putsch, condamné par de nombreuses capitales étrangères, les premiers signes de résistance émergeaient. Des médecins et des professionnels de santé, portant des rubans rouges (la couleur de la LND), refusaient de travailler, sauf en cas d'urgence médicale.
"Nous obéirons uniquement au gouvernement élu démocratiquement", a déclaré à l'AFP Aung San Min, responsable d'un hôpital de 100 lits dans la région de Magway (centre), alors que l'armée conteste les législatives de novembre, remportées massivement par la LND.
Des membres du personnel médical de l'hôpital général de Yangon se sont réunis devant l'établissement, faisant le salut à trois doigts, un geste de résistance déjà adopté par les militants pro-démocratie à Hong Kong ou en Thaïlande.
"Honte à l'armée", "les militaires sont des voleurs"
Un groupe, "le mouvement de désobéissance civile", a aussi été lancé sur Facebook et comptait quelque 160.000 abonnés. "Honte à l'armée", "les militaires sont des voleurs", pouvait-on lire.
Mardi soir, dans le quartier commerçant de Rangoun, la capitale économique, des habitants ont klaxonné, tapé sur des casseroles, certains scandant: "Vive Mère Suu!" (Suu Kyi). Pressentant les événements, cette dernière, qui serait pour le moment assignée à résidence dans la capitale Naypyidaw, a exhorté la population à "ne pas accepter" le coup d'Etat dans une lettre écrite par anticipation. Mais la peur des représailles reste vive dans le pays qui a vécu, depuis son indépendance en 1948, sous le joug de la dictature militaire pendant près de 50 ans.