Le gouvernement autrichien de coalition entre la droite et l'extrême droite faisait face lundi aux critiques des organisations d'aide aux étrangers et de l'opposition, après sa décision d'exclure les demandeurs d'asile du dispositif de l'apprentissage professionnel auquel ils ont accès depuis 2012.
Le vice-chancelier Heinz-Christian Strache, chef du parti d'extrême droite FPÖ, avait attaqué cette mesure ce week-end, estimant que "qui ne dispose pas d'un droit au séjour, ne doit pas être autorisé à entamer un apprentissage".
"L'accès à l'éducation est un investissement dans l'avenir", regrette l'ONU. Les principales organisations d'aide aux demandeurs d'asile ont sévèrement critiqué la décision de fermer l'accès de l'apprentissage aux jeunes dont la demande de séjour est en cours d'examen par les autorités, un processus qui prend souvent plus de deux années.
"Pour de nombreux jeunes demandeurs d'asile, cela signifiera rester inactifs pendant des années (…). L'accès à l'éducation et à la formation est un investissement dans l'avenir", a regretté le bureau autrichien du Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés.
De son côté, le président de la puissante organisation Caritas a critiqué une "mauvaise décision humaine et économique". "Même si on n'obtient pas de droit de séjour, pouvoir apprendre quelque chose est important", a-t-il déclaré. Le parti libéral Neos a lui estimé qu'avec cette décision, "le gouvernement piétine ceux qui veulent s'intégrer dans ce pays".
De nombreuses places sont pourtant vacantes. Parallèlement, le gouvernement a annoncé son intention de remettre à plat le dispositif pour aider les entreprises à trouver des apprentis parmi les étrangers bénéficiant déjà d'un titre de séjour, alors que plus de 12.500 places d'apprentissage sont actuellement vacantes dans de nombreux secteurs qui ne parviennent pas à recruter.
Il y a en Autriche 8.600 jeunes réfugiés de moins de 25 ans qui cherchent un emploi et doivent être prioritaires pour les places d'apprenti, a fait valoir lundi la ministre de l'Économie Margarete Schramböck du parti conservateur ÖVP.
Le climat politique s'est durci à l'égard des migrants depuis l'arrivée au pouvoir, fin 2017, de la coalition menée par le chancelier conservateur Sebastian Kurz. Le gouvernement a mis en chantier une baisse des aides aux réfugiés et les associations dénoncent une coupe dans le financement de nombreuses mesures d'intégration.
L'ouverture de l'apprentissage aux demandeurs d'asile dans les secteurs professionnels sous tension avait été décidée en 2012 par la coalition entre sociaux-démocrates et conservateurs dans laquelle Sebastian Kurz était secrétaire d'État à l'Intégration.