Mario Draghi et l’UE serre la bride à AstraZeneca. Bruxelles a autorisé Rome à bloquer l’exportation de 250.000 doses de vaccins contre le Covid-19 de l’entreprise pharmaceutique AstraZeneca vers l’Australie, ont annoncé jeudi les médias italiens. C’est la première fois que les Européens montrent les dents et dégainent l’arme du contrôle des exportations des vaccins. Et ça n'est pas un hasard si ce mécanisme a été utilisé contre AstraZeneca : le géant anglo-suédois met les nerfs des 27 à vif parce qu’il ne tient pas ses engagements. AstraZeneca devait en effet livrer aux Européens plus de 100 millions de doses au premier trimestre, mais seules 40 millions vont être envoyées. Et les explications des dirigeants de l’entreprise n’ont pas du tout convaincu Bruxelles.
L’Italie a donc décidé de passer aux actes et de bloquer des doses mises en bouteille dans une usine proche de Rome. Cette décision, prise par le nouveau Premier ministre Mario Draghi en accord avec la Commission européenne, a également été communiqué aux autres partenaires européens, dont la France. "Si nous n’avions pas agi, tout le monde aurait pensé que l’Europe n’a pas de dents", faut valoir une source européenne.
Une manière de justifier une mise en œuvre trop lente des campagnes vaccinales
Toutefois, Bruxelles se défend de tentation protectionniste. "Depuis janvier, plus de 170 demandes d’exportations déposées par Pfizer ont été valisées. Nous n’avons pas l’intention de nous en prendre aux entreprises qui respectent leurs engagements", rétorque un diplomate. La décision contre AstraZeneca tombe en tout cas à pic, elle ôte un peu de pression sur les épaules des dirigeants européens, critiqués pour la lenteur de la vaccination sur le continent. Alors que les contaminations repartent à la hausse en Europe, l'OMS appelle les gouvernements à accélérer les injections.