Baiser forcé en Espagne : renvoi en justice souhaité pour Luis Rubiales

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Le juge d'instruction espagnol chargé de l'enquête sur le baiser imposé à la joueuse Jenni Hermoso par Luis Rubiales a réclamé, ce jeudi, le renvoi en procès de Luis Rubiales, ex-patron du football espagnol. 

Le juge d'instruction chargé de l'enquête sur l'affaire du baiser forcé a ordonné jeudi le renvoi en procès de l'ex-patron du football espagnol Luis Rubiales, qui avait embrassé la joueuse Jenni Hermoso par surprise en août, après le sacre de la "Roja" en finale du Mondial. Si cette décision peut encore faire l'objet d'un appel et ne garantit donc pas encore que Luis Rubiales comparaîtra devant un tribunal, l'ombre d'un procès se rapproche pour l'ancien homme fort du football espagnol, qui s'était accroché à son poste avant de démissionner quelques semaines plus tard devant l'indignation mondiale provoquée par son geste.

Néanmoins, le juge ne précise pas dans son ordonnance le ou les délits pour lesquel(s) Luis Rubiales doit être jugé, même si celui-ci avait été inculpé pour "agression sexuelle" et délit de "coercition". Depuis une récente réforme du Code pénal espagnol, un baiser non consenti peut être considéré comme une agression sexuelle, catégorie pénale regroupant tous les types de violence sexuelle. Selon le parquet, les peines encourues vont d'une amende à quatre ans de prison.

 

Le magistrat demande aussi ce que soient jugées trois autres personnes de la fédération, dont l'ex-sélectionneur de la "Roja" féminine Jorge Vilda, accusé de "pressions" sur la joueuse espagnole pour étouffer l'affaire. Au terme de son enquête, le juge Francisco de Jorge a estimé que ce baiser, donné à la numéro 10 de l'équipe nationale d'Espagne après sa victoire en Coupe du Monde, n'avait "pas été consenti" et qu'"il s'agit d'une initative unilatérale, faite par surprise", souligne dans un communiqué le tribunal de l'Audience nationale.

"La finalité érotique ou non, tout comme l'état d'euphorie et d'agitation ressenti à la suite du triomphe sportif extraordinaire sont des éléments dont la conséquence et les conséquences juridiques doivent être appréciées lors du procès", indique le juge dans le document judiciaire marquant la fin de son enquête.

Luis Rubiales, 46 ans, avait évoqué pour sa défense son "émotion", "un moment de bonheur, une grande joie à ce moment-là", démentant toute "connotation sexuelle". Pour le juge, ce baiser sur la bouche "affecte la sphère de l'intimité réservée aux relations sexuelles, notamment dans le cadre de deux adultes".

"Pressions" de la fédération

En plus de Luis Rubiales, le magistrat demande à ce que soit jugés le directeur sportif de l'équipe masculine, Albert Luque, l'ancien entraîneur de l'équipe féminine Jorge Vilda ainsi que l'ancien directeur marketing de la Fédération Rubén Rivera pour "les pressions" exercées ultérieurement sur la joueuse.

Il estime qu'il existe des indices de l'existence d'une action concertée de ces trois responsables, convenue avec Luis Rubiales "pour briser la volonté de Jennifer Hermoso Fuentes et l'amener à accepter d'enregistrer une vidéo dans laquelle elle disait que le baiser avait été consenti". Inculpé d'"agression sexuelle" et de délit de "coercition", Luis Rubiales a interdiction de s'approcher à moins de 200 mètres de la joueuse.

Le 20 août, quelques minutes après le sacre mondial de la "Roja" féminine à Sydney, le patron du foot espagnol, âgé de 46 ans, avait embrassé sur la bouche par surprise l'attaquante, provoquant l'indignation en Espagne et à travers le monde.

 

Refusant de démissionner pour "un petit bisou consenti", il avait attaqué, lors d'un discours retentissant cinq jours plus tard, un supposé "faux féminisme" et argué qu'il avait obtenu l'autorisation de la joueuse avant de l'embrasser. Une version démentie par Jenni Hermoso qui avait dit s'être "sentie vulnérable et victime (...) d'un acte impulsif et sexiste, déplacé et sans aucun consentement de (sa) part".

Sous la pression, Rubiales avait fini par démissionner le 10 septembre, se disant victime d'une "campagne disproportionnée". Il a depuis été suspendu pour trois ans de toute activité liée au football par la Fifa, une décision dont il va faire appel.

Jenni Hermoso, 33 ans, est devenue malgré elle un symbole mondial de la lutte pour l'égalité hommes-femmes. Elle a été élue femme de l'année 2023 par l'édition espagnole du prestigieux magazine américain GQ.