C'est une voix singulière au milieu du concert de soutiens reçus par le Liban immédiatement après les deux explosions qui ont dévasté Beyrouth : Israël a proposé mardi soir une aide "humanitaire et médicale" à son voisin, endeuillé par la mort de plus de 113 personnes, alors qu'il y a plus de 4.000 blessés et 300.000 sans-abri dans la capitale libanaise. Cette aide n'a rien d'évident car, après deux conflits meurtriers, les deux pays sont techniquement en guerre.
"L'humanité passe avant tout conflit"
"Israël s'est tourné vers le Liban par l'intermédiaire de contacts sécuritaires et politiques internationaux pour offrir une aide humanitaire et médicale au gouvernement libanais", ont annoncé mardi soir dans un communiqué les ministères israéliens des Affaires étrangères et de la Défense.
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Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a de son coté présenté mercredi les condoléances du gouvernement au peuple libanais lors d'un débat au Parlement. Tel-Aviv va également illuminer son hôtel de ville avec le drapeau libanais en solidarité avec le pays du Cèdre. "L'humanité passe avant tout conflit et nos cœurs sont avec le peuple libanais après le terrible désastre qui l'a frappé", a tweeté Ron Huldai, le maire de la métropole côtière israélienne, membre du Parti travailliste.
Alors qu'un ancien Premier ministre suédois s'est publiquement étonné de l'aide offerte par Israël, la ministre des Affaires stratégiques de l'État hébreu, Orit Farkash Hacohen lui a directement répondu : "Pourquoi êtes-vous surpris ? Israël se défend se ses ennemis, tout en aidant les populations civiles là où elle le peut", a-t-elle affirmé. Le pays avait ainsi aidé Turquie (2011) et l'Iran (2017), deux de ses ennemis, après des séismes meurtriers.
Démenti immédiat d'Israël
Ces témoignages de soutien se sont accompagnés d'un vif démenti publié dès mardi soir sur l'implication possible d'Israël dans ces explosions. Trois heures après les déflagrations, les autorités libanaises ont ainsi attribué la cause de ces explosions à des "matières explosives confisquées depuis des années", une version ensuite précisée par la révélation de négligences et d'un très large stock de nitrate d'ammonium dans un entrepôt portuaire.
"Je ne vois pas de raison de douter des informations émanant de Beyrouth (…) il s'agit d'un accident qui semble avoir été causé par un incendie", a déclaré le chef de la diplomatie israélienne, Gabi Ashkenazi, mardi soir. "Israël n'a rien à voir avec cet incident", a aussi commenté auprès de l'AFP une source gouvernementale requérant l'anonymat.
Le Hezbollah au cœur des tensions
Ces dénégations interviennent alors que la tension entre les deux pays est montée d'un cran ces derniers jours, l'armée israélienne étant en état d'alerte à la frontière libanaise. La semaine dernière, après des mois de calme relatif, Israël a dit avoir déjoué une attaque "terroriste" et ouvert le feu sur des hommes armés ayant franchi la "Ligne bleue" séparant le Liban et Israël, avant qu'ils ne repartent côté libanais.
Benjamin Netanyahu, a attribué l'infiltration au Hezbollah, un mouvement armé pro-iranien très influent au Liban et que l'État hébreu considère comme son ennemi. Le matin des explosions, le Premier ministre israélien a d'ailleurs mis en garde le mouvement basé au Liban. Accusé de "jouer avec le feu", le Hezbollah a démenti toute implication dans cette infiltration.