La dirigeante birmane Aung San Suu Kyi est sortie de son silence jeudi au sujet des deux journalistes de Reuters condamnés à sept ans de prison après une enquête sur un massacre de musulmans rohingyas par l'armée, pour défendre leur emprisonnement.
Ils ont "enfreint la loi". "Ils n'ont pas été emprisonnés parce que c'étaient des journalistes" mais parce que "le tribunal a décidé qu'ils avaient enfreint" la loi, a-t-elle dit lors du Forum économique mondial de l'Association des Nations d'Asie du Sud-Est à Hanoï, commentant pour la première fois ce jugement prononcé le 4 septembre.
Possibilité de "faire appel". "Si nous croyons en l'État de droit, ils ont tout à fait le droit de faire appel du jugement", a-t-elle préconisé, alors que l'indépendance du système judiciaire birman est sujet à caution.
Les militaires auraient pu "mieux gérer" la crise des Rohingyas. La Prix Nobel de la Paix a été très critiquée à l'étranger pour son silence dans cette affaire, au point d'être qualifiée de "porte-parole des militaires" par un haut-responsable de l'ONU. Campant sur sa ligne de défense, elle s'est aussi montrée imperméable aux accusations contre l'armée birmane venues de l'ONU, qui a parlé fin août de "génocide" de la minorité musulmane des Rohingyas. Tout juste a-t-elle concédé que les militaires auraient pu "mieux gérer" la crise, qui a conduit à l'exode au Bangladesh de 700.000 personnes depuis l'été 2017. "A posteriori, il y a bien sûr des façons dont la situation aurait pu être mieux gérée", a-t-elle dit en marge du Forum économique à Hanoï.