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avec AFP , modifié à
"À bas la dictature militaire", ont dénoncé samedi plusieurs milliers de manifestants à Rangoun, en Birmanie, cinq jours après le coup d'État militaire qui a renversé le gouvernement d’Aung San Suu Kyi. L'accès à Twitter et Instagram est restreint par les autorités pour tenter de faire taire la contestation. 

Après le coup d'État qui a renversé le gouvernement d’Aung San Suu Kyi lundi 1er février, la contestation s’amplifie en Birmanie et la situation semble s'aggraver. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi à Rangoun, tandis que les généraux putschistes censurent internet avec d'importantes coupures dans tout le pays et poursuivent les arrestations. Dernière en date, celle d'un conseiller économique de l'ex-dirigeante de 75 ans, l'Australien Sean Turnell, retenu dans son hôtel depuis samedi. Il s'agit de la première arrestation connue d'un ressortissant étranger depuis le putsch.

Plusieurs milliers de manifestants, aucune confrontation

"À bas la dictature militaire", ont crié dans les rues de Rangoun les 3.000 contestataires, selon une estimation de l'AFP. Ils ont défilé près d'une université de la capitale économique, arborant masques, foulards et bracelets rouges aux couleurs de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d'Aung San Suu Kyi, arrêtée lundi. 

Certains ont agité des drapeaux de la LND, d'autres fait le salut à trois doigts, un geste de résistance emprunté au cinéma américain. "Nous sommes ici pour nous battre pour la prochaine génération, pour les libérer de la dictature militaire", a déclaré à l'AFP une des manifestantes. Les forces de l'ordre se sont déployées en nombre, bloquant plusieurs routes à proximité. Aucune confrontation n'a eu lieu, selon des journalistes de l'AFP présents sur place, mais un autre rassemblement est prévu plus tard dans la journée.

Twitter condamne le blocage de ses services

La Birmanie connaît, pour la seconde fois cette semaine, des coupures internet importantes sur l'ensemble du territoire, selon l'ONG de surveillance, NetBlocks. Le groupe norvégien Telenor, l'un des principaux opérateurs de télécommunications en Birmanie, a confirmé que les autorités avaient ordonné le blocage de ces plateformes "jusqu'à nouvel ordre". 

L'accès à Twitter et Instagram est donc restreint depuis vendredi pour tenter de faire taire la contestation, également présente sur les réseaux sociaux où les hashtags #WeNeedDemocracy, #HeartheVoiceofMyanmar et #Freedomfromfear ont été utilisés des millions de fois. "Nous sommes profondément préoccupés par l'ordre de bloquer les services internet", a indiqué samedi à l'AFP un porte-parole de Twitter. Cela porte atteinte "au droit des gens de faire entendre leurs voix".

Premier contact entre l'ONU et l'armée birmane depuis le coup d'Etat

L'ONU a eu son premier contact avec l'armée birmane depuis le coup d'Etat qui a renversé lundi le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi, a déclaré vendredi son secrétaire général Antonio Guterres qui a renouvelé les appels à la libération des responsables arrêtés. "Aujourd'hui, notre envoyée spéciale a eu un premier contact au cours duquel elle a clairement exprimé notre position au commandant militaire adjoint", a déclaré Antonio Guterres à des journalistes.

Christine Schraner Burgener, une diplomate suisse, a également été en contact avec d'autres pays de la région, a-t-il dit, ajoutant: "Nous ferons tout ce que nous pouvons pour que la communauté internationale s'unisse afin de créer les conditions d'une annulation de ce coup d'Etat". Toutefois, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté jeudi une ligne plus souple, appelant à la libération des détenus sans formellement condamner le coup. Une condamnation à laquelle Chinois et Russes se sont opposés.