Des manifestants pro-démocratie sont sortis à nouveau dans les rues lundi, dès l’aube, en Birmanie, malgré la répression de plus en plus violente de la junte militaire qui a renversé la cheffe du gouvernement civil Aung San Suu Kyi, le 1er février dernier. Au moins 107 personnes, dont sept enfants, ont été tués dans les rassemblements samedi. La communauté internationale a élevé le ton en dénonçant les exactions de ce week-end.
450 morts en deux mois
Désormais ce ne sont plus seulement des tirs à balles réelles dans les foules de manifestants, mais l'utilisation de gros moyens militaires. Cela va même jusqu'à des frappes aériennes observées dans une région du sud-est de la Birmanie. C’est la première fois en vingt ans qu’une telle violence est constatée dans le pays.
Depuis le putsch des militaires deux mois plus tôt, plus de 450 personnes sont mortes, dont un quart des victimes au cours de ce week-end. Les manifestants sont parfois abattus par des tirs dans le dos, alors qu’ils sont en train de fuir.
L'UE dénonce "une escalade de la violence inacceptable"
La communauté internationale s’insurge progressivement après ce week-end meurtrier. La Chine a appelé lundi toutes les parties à la retenue. "La violence et les heurts sanglants ne répondent aux intérêts d'aucune des parties", a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian. "Les victimes sont les Birmans".
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L'Union européenne avait condamné dimanche soir "une escalade de la violence inacceptable" et "une voie insensée" choisie par la junte, dans un communiqué de son chef de la diplomatie Josep Borrell évoquant un "jour d'horreur et de honte". Une condamnation suivie par les États-Unis et l’ONU. Tous dénoncent des actes lâches, insensés, et des morts gratuites.
Mais la Birmanie, pointée du doigt, n’est pas intimidée pour autant. Samedi, alors que de nombreux civils mouraient sous les balles, un gigantesque défilé militaire a été organisé en l'honneur des soldats birmans pour fêter le traditionnel jour des forces armées. La Russie, qui a dit lundi désapprouver cette répression sanglante, avait pourtant envoyé son vice-ministre de la Défense à cet événement.